Jean Nkuete, SG du Rdpc (Ph)

À quatre mois de la présidentielle d'octobre, le secrétaire général du RDPC Jean Nkuete contre-attaque violemment après les récentes sorties de Maurice Kamto et les pressions internationales.

Le parti au pouvoir hausse le ton Face à Maurice Kamto. Dans un communiqué au vitriol publié ce lundi, le secrétaire général du Comité Central du RDPC, Jean Nkuete, livre une charge sans précédent contre Maurice Kamto, quelques heures seulement après la levée du dispositif policier qui avait encerclé la résidence de l'opposant à Douala.

Réquisitoire

Le texte de Jean Nkuete ne fait pas dans la dentelle. Accusant le leader du MRC d'être un « facteur permanent de trouble et de déstabilisation », le secrétaire général du RDPC dresse un portrait sans nuance de l'opposant, « Kamto avait prévu de rencontrer ses partisans au siège de son parti après son retour d'un meeting politique à Paris qui avait irrité le parti au pouvoir ».

Pour le SG du RDPC, Maurice Kamto incarne tout ce que le Cameroun doit rejeter. « Il sème la désolation partout où il passe », martèle le communiqué, qui l'accuse de propager « la haine, la violence et les menaces ». Une rhétorique offensive qui tranche avec les habituels communiqués feutrés du parti présidentiel.

Stratégie de victimisation

Jean Nkuete s'attaque frontalement à ce qu'il considère comme une stratégie de communication orchestrée par l'opposant. Selon lui, Maurice Kamto et ses partisans cultivent délibérément un climat de tension pour ensuite se poser en victimes d'une répression injuste.

« Ils créent les conditions de leur propre malheur, puis crient à la persécution », dénonce le secrétaire général, qui voit dans cette approche une manipulation destinée à émouvoir la communauté internationale. Une accusation qui prend un relief particulier dans le contexte des récentes pressions exercées par les États-Unis et l'Union européenne sur le gouvernement camerounais.

Unité nationale en danger ?

Le communiqué du RDPC va plus loin en accusant Maurice Kamto de mettre en péril l'unité nationale. Les récentes violences dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont instrumentalisées, selon Jean Nkuete, par un opposant qui « ne recule devant rien pour arriver au pouvoir ».

Cette charge intervient dans un contexte particulièrement tendu. Maurice Kamto avait récemment tiré la sonnette d'alarme sur la détérioration de la situation sécuritaire dans le septentrion du pays, pointant du doigt les défaillances du gouvernement dans la gestion des crises sécuritaires.

Loin de se contenter d'une simple dénonciation, Jean Nkuete transforme son communiqué en véritable appel à la mobilisation. Il exhorte les militants du RDPC à « faire preuve de vigilance et de résilience face aux forces du mal », dans une rhétorique qui rappelle les grands meetings politiques.

L'objectif est clair : galvaniser les troupes du parti au pouvoir à quelques mois d'une élection qui s'annonce particulièrement disputée. Le secrétaire général n'hésite pas à invoquer « la solidarité autour des valeurs de paix, de responsabilité et d'unité » pour contrer ce qu'il présente comme une offensive coordonnée de l'opposition.

Les institutions en ligne de mire

Particulièrement révélateur, le communiqué du RDPC s'attaque également aux institutions qu'il accuse de complaisance envers l'opposition. Sans les nommer explicitement, Jean Nkuete vise « certaines formations politiques » et leurs « méthodes d'intimidation, d'instrumentalisation et de manipulation ».

Cette charge contre les institutions intervient dans un contexte où plusieurs observateurs internationaux ont appelé à un dialogue inclusif sans conditions préalables, une demande que le pouvoir semble rejeter catégoriquement.

Vers une radicalisation du discours politique ?

Le ton inhabituellement virulent de ce communiqué marque peut-être un tournant dans la stratégie de communication du RDPC. Fini le temps des déclarations mesurées et des appels au dialogue : le parti au pouvoir semble avoir choisi la confrontation directe.

Cette radicalisation du discours intervient alors que Maurice Kamto, candidat de l'Alliance pour le changement, avait tenu fin mai un meeting à Paris pour mobiliser la diaspora camerounaise, confirmant ses ambitions présidentielles pour le scrutin d'octobre.

À quatre mois de l'élection présidentielle, ce communiqué révèle l'état de crispation qui règne dans le pays. D'un côté, une opposition qui dénonce les dérives autoritaires et appelle au changement. De l'autre, un pouvoir qui se dit victime de manipulations et de pressions internationales.

Entre ces deux visions irréconciliables du Cameroun, les citoyens camerounais devront trancher en octobre prochain. Mais une chose est certaine : la campagne électorale qui s'annonce ne sera pas de tout repos.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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