La petite commune de Brobo, dans la région du Gbêkê, a vécu une journée historique avec la présentation officielle des AVEC (Associations de Valorisation de l’Entraide Communautaire) et l’inauguration du tout premier marché de gros autogéré par ces structures communautaires, baptisé « Marché Myss Belmonde Dogo », en hommage à la ministre de la Cohésion nationale, de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté.

Cette cérémonie d’envergure, portée par la Fédération des Sociétés Coopératives Agricoles de Côte d’Ivoire (FACSVCI COOP-CA), a rassemblé autorités administratives, élus locaux, leaders coopératifs, membres d’AVEC et populations, dans une ambiance festive et de grande fierté collective.

Face à la persistance de la pauvreté en milieu rural malgré la croissance économique nationale, le Ministère de la Cohésion nationale a mis en place les AVEC dans le but de promouvoir l’inclusion économique, la solidarité communautaire et l’autonomisation des populations, en particulier les femmes.

Dans la région du Gbêkê, ce programme connaît un franc succès avec 130 AVEC créées, dont 100 déjà formalisées, regroupant près de 3 900 membres, principalement des femmes. 

C’est avec leurs propres ressources — issues de l’épargne solidaire dans le cadre des AVEC — que ces femmes ont réalisé un exploit inédit : la construction d’un marché de gros d’envergure, d’une valeur de 46 millions de FCFA, sans aucun financement extérieur. Le site compte 38 magasins, destinés à faciliter la commercialisation des produits vivriers issus des coopératives agricoles.

« Vous avez décidé d’être celles qui sèment, qui récoltent et qui vendent. Avec 100 ou 500 francs, si nous sommes nombreuses, nous pouvons accomplir de grandes choses », a salué la ministre Myss Belmonde Dogo, très émue devant la mobilisation et l’engagement des femmes de Brobo.

Selon Ouraga Bony Yves, président de la FACSVCI, cette dynamique communautaire va bien au-delà du simple commerce : « Nous avons collecté 235 millions de FCFA au niveau national, acquis deux parcelles à Diabo pour un siège, trois hectares à Botro pour un marché et une école. Nous avons prouvé que les femmes rurales peuvent être actrices de leur propre développement. »

Il a également soumis des doléances à la ministre pour équiper le marché en matériel motorisé et y implanter une unité de transformation.

La cérémonie a également été l’occasion d’un rappel fort aux valeurs de paix, d’unité et de vivre-ensemble, dans un contexte préélectoral où la cohésion sociale reste une priorité nationale.

« Ce que nous célébrons aujourd’hui, ce ne sont pas des bâtiments, mais un modèle de société. Les AVEC sont des foyers d’espérance, de dignité et de solidarité. Elles prouvent que la pauvreté n’est pas une fatalité », a insisté la ministre.

Elle a également salué l’esprit de fraternité qui règne au sein de la FACSVCI, dont le président, de confession musulmane, œuvre pour l'encadrement des femmes dans une région majoritairement chrétienne : « Être Ivoirien, c’est être chez soi partout sur le territoire, au-delà des religions et des ethnies. »

Les résultats attendus de cette journée sont clairs : formalisation des AVEC, remise des statuts juridiques, opérationnalisation du marché et sensibilisation à la cohésion sociale. Le témoignage de Yao Amoin, responsable régionale, résume bien l’état d’esprit :

« Grâce aux AVEC, nous avons bâti un marché qui nous permettra de mieux vendre nos produits dans un cadre digne. Nous sommes fières et reconnaissantes. »

La ministre a promis de revenir l’année prochaine à Brobo, cette fois pour inaugurer une unité de transformation, souhaitant que cet élan inspire d’autres régions : « Ce que vous avez réalisé est une première en Côte d’Ivoire. Vous êtes devenues un exemple national. Continuez à rester unies, ne laissez pas la politique diviser ce que vous avez bâti.»

En cette période où la nation se prépare à célébrer son indépendance, la réussite de Brobo envoie un message fort : la transformation sociale et économique est possible par les Ivoiriens eux-mêmes, à condition de croire en la solidarité, au travail et à l’autonomisation des femmes.

Wassimagnon