Cameroun : L'ONU tire la sonnette d'alarme à l'approche d'une présidentielle sous tension
À quelques semaines de l’élection présidentielle prévue le 12 octobre 2025, l’Organisation des Nations Unies (ONU) alerte sur « les restrictions croissantes de l’espace civique et démocratique au Cameroun ». Dans une déclaration faite le 2 septembre, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a exprimé de vives inquiétudes quant à la liberté d’expression, la participation politique et l’inclusive du processus électoral en cours.
Volker Türk, Haut-Commissaire aux droits de l’homme, a souligné que « des mesures urgentes doivent être prises pour garantir un environnement propice à des élections libres, transparentes, inclusives et honnêtes ». Or, selon lui, « un tel environnement ne semble pas prévaloir au Cameroun ».
Opposition muselée, climat répressif
Depuis plusieurs semaines, les signaux d’un durcissement du régime se multiplient. Des rassemblements politiques sont interdits, des figures de l’opposition sont intimidées, voire exclues de la course présidentielle, et des journalistes voient leurs émissions brutalement interrompues. C’est le cas notamment de Dieudonné Yebga, dont l’interview télévisée sur la chaîne privée STV a été stoppée en direct par les forces de sécurité le 7 août.
« L’égalité d’accès à la participation aux processus électoraux pour tous les Camerounais est absolument essentielle » et alerte sur « les risques d’exclusion de certaines personnalités politiques » ainsi que sur « des irrégularités dans l’inscription des électeurs », souligne l’ONU
Le 4 août, 53 partisans de l’opposition ont été arrêtés devant le Conseil constitutionnel à Yaoundé, alors qu’ils contestaient certaines décisions du conseil électoral. Accusés de « trouble à l’ordre public » et « incitation à la révolte », ils ont finalement été libérés, mais pour l’ONU, cela ne suffit pas, « Ils n’auraient tout simplement pas dû être arrêtés. Nul ne devrait être privé de sa liberté pour avoir exercé ses droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique ».
Parallèlement, les organisations de la société civile subissent également les effets de cette répression. Trois d’entre elles ont été suspendues et deux autres interdites en décembre dernier. Le financement et les activités de plusieurs groupes ont été restreints. Ce climat de méfiance s’étend aussi aux médias, régulièrement visés.
Appel au gouvernement
Face à cette situation, Volker Türk a exhorté les autorités de Yaoundé à cesser de « réprimer le travail essentiel des organisations de la société civile et des médias ». Il appelle également à la mise en place de mécanismes efficaces pour contrer « la montée des discours de haine, de la désinformation et de l’incitation à la violence », dans le respect du droit international des droits humains.
Alors que le scrutin approche, l’ONU invite le Cameroun à créer les conditions d’un débat démocratique apaisé, dans lequel chaque citoyen pourra exercer son droit de vote sans crainte ni intimidation. Pour Volker Türk, il en va non seulement de la crédibilité de l’élection, mais aussi de la stabilité du pays.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com
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