Dans un monde en constante évolution technologique, l’intelligence artificielle (IA) et d’autres innovations, comme la robotique et l’informatique en nuage, transforment les systèmes éducatifs, les économies et les sociétés. Consciente de ces changements, l’UNESCO, en collaboration avec l’Institut de la Francophonie pour l’Éducation et la Formation (IFEF-OIF) et dans le cadre du Partenariat GPE KIX Afrique 21, a lancé un projet ambitieux pour soutenir quatre pays africains, à savoir le Bénin, le Burundi, le Sénégal et la Côte d’Ivoire dans l’intégration de l’IA dans leurs programmes éducatifs.

Ce projet, qui fait suite à un séminaire sous-régional organisé à Dakar en octobre 2024 sur les compétences numériques et l’IA, vise à développer des référentiels nationaux de compétences en IA et à traduire des ressources numériques en langues locales. L’éducation est identifiée comme un domaine clé pour exploiter les opportunités offertes par l’IA, permettant d’améliorer l’accès, la qualité et la gouvernance des systèmes éducatifs et de répondre aux défis de la massification scolaire, de la diversité des apprenants et des inégalités d’apprentissage.

En 2022, la Côte d’Ivoire a élaboré un référentiel de compétences en technologies de l’information et de la communication (TIC) pour les enseignants, avec le soutien de l’UNESCO. Toutefois, face à l’évolution rapide des technologies numériques et à l’émergence de l’IA, une mise à jour de ce document est jugée nécessaire. Le Ministère de l’Éducation Nationale et de l’Alphabétisation (MENA) envisage d’élargir ce référentiel pour inclure les apprenants, renforcer leur culture numérique et intégrer les usages pédagogiques et éthiques de l’IA.

Pour concrétiser ce projet, un atelier pilote se tient à Yamoussoukro, du 15 au 17 septembre 2025. Il réunit des acteurs du Bénin et de la Côte d’Ivoire pour définir les compétences clés en IA et poser les bases de la traduction de ressources numériques.

Au cours de ces trois jours, les acteurs des systèmes éducatifs du Bénin et de la Côte d’Ivoire, travailleront entre autres à définir les rôles et les attributions des Équipes Techniques Nationales (ETN). Ils partageront des expériences sur l’intégration de l’IA dans les systèmes éducatifs, traceront des axes de travail pour le développement des référentiels de compétences en IA adaptés à chaque contexte national.

Ils mettront en outre, à profit cette rencontre pour réfléchir sur la traduction et l’adaptation de ressources éducatives en langues nationales et élaboreront une feuille de route commune pour le déploiement du projet.

Présidant cet atelier, Shafika Isaacs, Cheffe de la section pour la technologie et l’IA dans l’éducation de l’UNESCO a dans son discours d’ouverture, exhorté les acteurs des systèmes éducatifs des deux pays à s’approprier l’IA.

« Aujourd’hui un nouvel acteur quasi invisible a fait son entrée dans le système d’apprentissage : l’intelligence artificielle. Un acteur qui ne dort jamais, qui ingère l’information à une échelle inimaginable, et qui redéfinit déjà la façon dont des centaines de millions de personnes apprennent, communiquent et cherchent à acquérir des connaissances. Ce n’est pas un futur lointain. Avec plus de 700 millions d’utilisateurs hebdomadaires sur des plateformes comme ChatGPT, l’IA est déjà dans nos poches, nos foyers et, de plus en plus, dans nos salles de classe et nos devoirs», a t-elle déclaré.

Pour elle cette nouvelle réalité soulève des questions profondes sur la manière de réagir face à ces changements. « Nombre de ces questions portent sur la façon dont nous concevons, utilisons, évaluons et co-créons avec l’IA afin d’élargir les opportunités d’apprentissage de qualité de manière inclusive et équitable. Le mandat de l’UNESCO est clair : veiller à ce que cette révolution technologique serve l’humanité, protège les droits humains et lutte contre les inégalités, au lieu de les aggraver», a-t-elle ajouté.

Ce changement selon Shafika Isaacs a amené les 193 États membres de l’UNESCO à adopter la première norme mondiale sur ce sujet : « la Recommandation de l’UNESCO sur l’éthique de l’IA, qui sert de boussole morale et éthique collective pour la co-création et l’usage de l’IA, y compris dans l’éducation ».

Elle soutient que l’UNESCO a également mis à disposition des outils pratiques : « deux cadres de compétences en IA, l’un pour les enseignants et l’autre pour les élèves, ainsi que nos Orientations sur l’IA générative pour l’éducation et la recherche, afin de garantir que cette technologie soutienne – et ne remplace jamais – la relation humaine irremplaçable au cœur de l’apprentissage », a-t-elle précisé.

Enfin Shafika Isaacs dit être convaincue « qu’ En Côte d’Ivoire, l’IA peut être un outil puissant pour accélérer les progrès vers l’ODD 4. Elle peut offrir un apprentissage personnalisé dans des classes surchargées, fournir un appui en langues locales et aider les enseignants dans l’évaluation et l’administration ».

Wassimagnon