Côte d'Ivoire: Lutte contre les installations anarchiques, la mairie d'Adjamé durcit le ton pour reprendre le contrôle des rues « Kaolin » et « Transfo »
Un ultimatum lancé aux commerçants relance les tensions entre habitants et autorités locales, sur fond d’accusations de corruption non étayées.
Dans la commune d’Adjamé, la municipalité a donné deux semaines aux commerçants installés sur les rues barrées « Kaolin » et « Transfo » pour quitter les lieux. Cette décision, officialisée par une mise en demeure datée du 9 mai 2025, vise à rétablir l’ordre sur ces axes devenus impraticables en raison de l’occupation illégale de la voie publique.
Depuis plusieurs années, ces deux rues sont transformées en marchés improvisés, malgré une première injonction municipale restée sans effet. Les installations anarchiques perturbent fortement la circulation et posent des problèmes de sécurité, au grand agacement des riverains.
L’annonce de l’ultimatum a d’abord suscité du soulagement parmi les habitants, confrontés quotidiennement à un encombrement quasi permanent. Toutefois, certains d’entre eux soupçonnent la mairie d’entretenir volontairement ce désordre.
« Les commerçants paient des pots-de-vin au maire, c’est pour cela qu’il les laisse occuper les rues », affirme un riverain.
Des accusations néanmoins sans aucune preuve, selon les intéressés eux-mêmes.
Sollicitée, la mairie d’Adjamé rejette fermement ces allégations qu’elle considère comme « mensongères » et destinées à « ternir l’image du maire Soumahoro Farikou ».
Un cadre municipal, sous couvert de l'anonymat, questionne la logique de ces rumeurs : « Le maire a signé la mise en demeure. Pourquoi irait-il ensuite encourager les commerçants moyennant de l’argent ? Cela n’a aucun sens. »
Une autre source proche du conseil municipal appuie : « La priorité de la mairie est de libérer ces voies et de restaurer la fluidité de la circulation. Les accusations sont infondées. »
D’après plusieurs sources concordantes, le déguerpissement des commerçants serait bel et bien prévu. Toutefois, l’opération pourrait être programmée après les échéances électorales à venir, afin de préserver un climat social calme.
Le document adressé aux occupants précise, la volonté de lutter contre le désordre urbain, l’obligation de libérer les rues « Kaolin » et « Transfo » dans un délai de deux semaines, la prise en compte des droits de servitude de certains occupants et la menace d’un déguerpissement forcé, en collaboration avec les forces de l’ordre, en cas de refus.
L’affaire des rues « Kaolin » et « Transfo » met une nouvelle fois en lumière les défis auxquels est confrontée Abidjan en matière de gestion de l’espace public. Entre impératifs de sécurité, besoins de cohésion sociale et pressions commerciales, les collectivités locales doivent composer avec une forte demande d’espaces marchands.
À Adjamé, la question reste entière : les commerçants partiront-ils volontairement ou la mairie devra-t-elle recourir à la force ? La réponse se jouera dans les prochains jours.
Wassimagnon
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