À Abidjan, une session spéciale de formation transforme 185 candidates en véritables stratèges politiques. Le 10 décembre 2025, l’Amphithéâtre du CRRAE-UEMOA au Plateau a accueilli l’ouverture officielle de la session spéciale “Femmes, s’organiser pour gagner”, une formation intensive dédiée aux femmes candidates aux élections législatives du 27 décembre 2025. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du programme Chrysalide, porté par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en Côte d’Ivoire, en partenariat avec l’Ambassade de Suisse et l’Association des Femmes Ivoiriennes en Politique (AFIP).

Devant un auditoire composé de candidates, d’élues locales, de femmes engagées et de représentants institutionnels, deux interventions majeures ont marqué la cérémonie : celle de Madame Blerta Cela, Représentante Résidente du PNUD, et celle de Son Excellence Dominique Favre, Ambassadeur de Suisse en Côte d’Ivoire. Tous deux ont réaffirmé la nécessité urgente d’accroître la participation politique des femmes dans un contexte où elles demeurent largement sous-représentées.

Dans un discours puissant et galvanisant, Madame Blerta Cela a salué la détermination des participantes, qu’elle a qualifiées de “femmes gagnantes, architectes de la victoire”.

Elle a rappelé que le programme Chrysalide, lancé depuis six mois, est né d’une ambition claire : briser le plafond de verre qui limite l’ascension des femmes ivoiriennes vers les sphères de décision. Durant cette période, le PNUD et ses partenaires ont identifié un vivier de femmes leaders, formé des mentores, engagé des dialogues institutionnels de haut niveau dont un avec la Ministre d’État Anne Désirée Ouloto et initié des actions de renforcement de capacités.

Blerta Cela a mis en évidence la réalité d’un paysage politique encore inégal, 13% de femmes à l’Assemblée nationale, 20% au Sénat, 12% à la tête des mairies et 7% à la présidence des conseils régionaux.

Sur les 1 143 candidatures validées pour les législatives du 27 décembre, seules 185 sont des femmes, soit 13,1%, loin du quota légal de 30%.

Elle a néanmoins transformé ce constat en appel à l’action :“Mesdames, démolissez les plafonds de verre, inondez l’arène politique et lancez une vague puissante de leadership féminin ! Vous le pouvez et vous le ferez !”

Madame Cela a également salué l'engagement sans faille des gouvernements partenaires, notamment la Suisse et le Canada, qui, selon elle, “restent inflexibles dans leur engagement à faire émerger des femmes fortes, leaders inébranlables”.

Elle a conclu sur une parole de sagesse africaine devenue leitmotiv de la rencontre :“Seule, une femme peut beaucoup ; ensemble, les femmes peuvent tout.”

L’intervention de Son Excellence Dominique Favre, Ambassadeur de Suisse, a profondément touché l’auditoire. En célébrant cette journée du 10 décembre, Journée internationale des droits humains, il a rappelé que les droits des femmes sont des droits humains, et que l’égalité est un droit fondamental.

Revenant sur une discussion qu’il avait eue avec des femmes engagées en politique, il a mis en lumière la dure réalité de la conquête d’un espace politique encore imprégné d’inégalités : “J’ai alors pleinement réalisé le véritable parcours de combattante que chacune d’entre vous doit affronter pour atteindre un objectif qui, pour un homme, est souvent obtenu beaucoup plus facilement. C’est profondément injuste.”

Il s’est ensuite réjoui de voir le PNUD et l’AFIP œuvrer au quotidien pour transformer cette réalité.

Évoquant la situation en Suisse, où les femmes représentent 36% du Parlement, un progrès, mais encore loin de la parité, il a pris un engagement personnel fort : “Je serai encore en Côte d’Ivoire en 2028, et je vous accompagnerai pour que nous atteignions ensemble les 30 % que vous appelez de vos vœux.”

Avant de conclure :“Pour moi, vous êtes de véritables superstars. Comptez sur nous pour vous soutenir.”

Au nom de la Présidente du Sénat, Madame Yougoné Lou Younan Anne Marie Armel, Cheffe de Cabinet, a également rappelé l’importance stratégique de cette formation. Elle a inscrit cette initiative dans la vision du Président de la République, Alassane Ouattara, architecte de la loi imposant un minimum de 30% de femmes sur les listes électorales.

Elle a salué le courage, la résilience et la détermination des participantes :“Former les femmes qui aspirent à servir la Nation est un impératif démocratique majeur et un investissement stratégique pour l’avenir.”

Elle a souligné que ces deux jours intensifs sont conçus comme un véritable espace de professionnalisation politique, destiné non seulement à transmettre des compétences, mais aussi à renforcer l’assurance nécessaire pour solliciter le suffrage des citoyens.

La session a également été marquée par l’intervention de Madame Rebecca Yao, Présidente de l’AFIP, qui a rappelé que les femmes candidates avaient déjà remporté une première victoire : celle de l’audace et du dépassement de soi. Elle a exhorté ses consœurs à mener des campagnes dignes, stratégiques, proches des communautés et fondées sur la sororité.

Le programme Chrysalide, a-t-elle annoncé, se poursuivra après les élections législatives par une seconde phase destinée aux femmes élues, afin de renforcer leurs compétences en matière de leadership, de plaidoyer, de budget et d’élaboration de politiques publiques.

Cette formation intensive apparaît comme un tournant pour la participation politique des femmes en Côte d’Ivoire. En réunissant les forces conjointes du PNUD, de l’Ambassade de Suisse, de l’AFIP et du Sénat, elle s’inscrit dans une dynamique durable visant à renforcer la représentation féminine, consolider une gouvernance inclusive, bâtir une démocratie plus équilibrée et faire émerger des leaders capables de transformer le pays.

L’objectif est clair, faire gagner les 185 candidates et préparer dès maintenant la vague féminine de 2028.

En clôturant la cérémonie, une conviction résonnait dans la salle, le leadership féminin n’est plus une option, il est une nécessité nationale.

Wassimagnon