Côte d'Ivoire : Cimentiers et experts unis pour renforcer les contrôles et moderniser la filière, plaident pour la construction de routes à partir du béton
L’Association des Producteurs de Ciment de Côte d’Ivoire (APCCI) a organisé ce jeudi à Abidjan un important panel sur le thème « Qualité et contrôle qualité du ciment », réunissant industriels, experts, institutions techniques et représentants de l’État. Quatre panélistes de haut niveau ont partagé leur expertise et rappelé les enjeux majeurs liés à la qualité du ciment, matériau stratégique pour les infrastructures ivoiriennes.
En ouverture, Yvan Zarka, vice-président de l’APCCI, représentant le président Rachid Yousri, a souligné l’importance cruciale du thème.
« Parler de la qualité du ciment, ce n’est pas discuter d’un détail technique. C’est parler de sécurité, de confiance, de responsabilité et d’avenir », a-t-il affirmé.
Il a rappelé que la Côte d’Ivoire construit chaque année davantage : logements sociaux, routes, ponts, zones industrielles, bâtiments publics et privés. Ce dynamisme exige des matériaux fiables et conformes aux normes.
L’APCCI, regroupant les principaux industriels du pays, se veut proactive dans la protection du consommateur : pratiques internes harmonisées, engagements communs, outils de suivi, accompagnement de l’État et volonté de structurer un marché assaini et crédible.
Le vice-président a insisté sur les trois piliers de la qualité, le respect des normes, la rigueur du contrôle et la collaboration entre acteurs.
« Aucun de ces piliers ne peut être assuré isolément », a-t-il souligné, saluant la présence de CODINORM, du BNETD, de la Direction Générale du Commerce Intérieur et des experts du BTP.
Le premier panéliste, Nagolo Soro, Directeur général adjoint de la Société des Ciments d’Abidjan et responsable de la Commission Qualité de l’APCCI, a rassuré l’assistance : « La qualité du ciment est bonne. Nous avons démontré tout au long de ce panel les mécanismes de contrôle mis en place dans les usines et au niveau national. »
Toutefois, il a souligné la nécessité d’une amélioration continue et d’une vigilance permanente : « On ne peut garantir à chaque instant que toutes les productions soient conformes. D’où l’importance de sensibiliser tous les acteurs. »
Sur la question du prix du ciment, il a rappelé que l’État fixe les tarifs, veillant à préserver à la fois le pouvoir d’achat des consommateurs et la capacité des usines à investir.
Nagolo Soro a plaidé pour un usage plus large du ciment, particulièrement dans la construction routière : « Avec une capacité de production nationale de 21 millions de tonnes face à une consommation d’environ 7 millions de tonnes, il faut élargir les usages du ciment. Les routes en béton offrent un meilleur rapport coût/maintenance et une plus grande durabilité. »
Il a cité l’exemple de routes bétonnées récemment réalisées dans la zone portuaire d’Abidjan.
Coulibaly Kinampina Adolphe, Sous-directeur du contrôle de la qualité des normes au ministère du Commerce, a d’abord confirmé la régulation du prix du ciment : « Le ciment fait partie des produits dont les prix sont plafonnés. Le coût ex-usine à Abidjan est de 78 000 F CFA. Les variations en région s’expliquent par les frais de transport. »
Il a insisté sur le rôle stratégique du ciment dans l’économie ivoirienne : « C’est une industrie essentielle au développement. »
Pour Kaki Coulibaly, expert mandaté par CODINORM : « Le producteur doit respecter les exigences normatives. CODINORM élabore les normes et réalise des audits, mais notre responsabilité s’arrête là. »
Il a évoqué la certification NI, délivrée sur une base volontaire, garantissant la conformité du producteur.
Cependant, il pointe un vide opérationnel : « Il faut déterminer qui est le gendarme. Aujourd’hui, le ministère du Commerce réalise des contrôles ponctuels. Il faut des contrôles réguliers et un ou deux laboratoires certifiés et accrédités. »
Bertin Kouamé, représentant du BNETD, a replacé le ciment dans le cycle global de la construction.
Selon lui, « La qualité finale du béton dépend d’une conjonction de facteurs : gravier, sable, eau, dosage et surtout le facteur humain. »
Il a rappelé que le contrôle doit être permanent, jusqu’à la maturité du béton, test intermédiaire à 7 jours, maturité atteinte à 21 jours et essais contractuels sur éprouvettes.
« Si un problème survient après 21 jours, il faut déterminer comment intervenir. D’où l’importance de contrôles rigoureux à chaque étape. »
Il a également mis en avant les qualités environnementales du béton, stable sur plusieurs décennies et non polluant une fois durci.
Les interventions ont souligné une même conclusion, le ciment ivoirien est globalement de bonne qualité, mais le contrôle doit être plus régulier, plus structuré et mieux coordonné, la filière doit être modernisée pour accompagner la croissance du pays et proposent l’utilisation du béton dans les routes est une option stratégique pour l’État.
Wassimagnon
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