Côte d'Ivoire : Santé, l'État pose les bases d'une tarification plus juste et durable des soins
a Côte d’Ivoire franchit une étape décisive dans la modernisation et la soutenabilité de son système de santé. Un atelier stratégique consacré à la restitution des résultats primaires d’une vaste étude sur les coûts réels des actes de santé s’est tenu ce vendredi à Abidjan, à l’hôtel Silver Moon, à l’initiative du ministère de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture maladie universelle (CMU), en collaboration avec ses partenaires techniques.
Cette rencontre s’inscrit dans un contexte marqué par d’importantes réformes structurelles du secteur sanitaire ivoirien, notamment la réforme hospitalière et la mise en œuvre progressive de la Couverture maladie universelle, dont la phase de généralisation a été lancée le 1er octobre 2019. Parallèlement, l’État a engagé un ambitieux programme de construction, de réhabilitation et d’équipement des établissements sanitaires sur l’ensemble du territoire national, pour un investissement estimé à près de 1 000 milliards de francs CFA à l’horizon 2025.
L’objectif est clair : doter le pays d’infrastructures modernes, de plateaux techniques performants et garantir à toutes les populations un accès équitable à des soins de qualité, à des coûts abordables.
Ouvrant les travaux, le directeur de cabinet adjoint du ministère de la Santé, le professeur Soro Kountélé Gona, a souligné que ces réformes exigent « une meilleure maîtrise des coûts, une allocation plus efficiente des ressources et une tarification plus juste des actes médicaux », afin d’assurer à la fois la soutenabilité financière du système et l’accessibilité des soins.
Dans le cadre de la réforme hospitalière, les établissements sanitaires sont appelés à renforcer leur autonomisation financière, en assurant leur fonctionnement à partir de ressources internes issues des prestations offertes aux usagers. Une ambition qui suppose une connaissance précise des coûts réels de production des actes de santé.
C’est pour répondre à cet impératif qu’une étude exhaustive sur les coûts des actes de santé a été menée entre mars et décembre 2025. Conduite par un consortium composé du bureau belge AEDLS (Agence européenne pour le développement et la santé) et du cabinet ivoirien GCC, l’étude a porté sur 30 établissements sanitaires publics, privés et confessionnels, répartis sur l’ensemble du territoire national.
Présentant les résultats, le chef d’équipe de l’étude, Quentin Baglione, a expliqué que les travaux ont permis d’estimer les coûts de fonctionnement des structures de santé ainsi que les coûts unitaires de production de plusieurs actes médicaux, paramédicaux et chirurgicaux, tels que les consultations, les accouchements et d’autres prestations courantes.
« L’objectif est de fournir une base technique solide pour la future tarification des actes de santé. Nous produisons des coûts de référence. La décision tarifaire, elle, relève exclusivement du ministère », a-t-il précisé, ajoutant que l’étude se concentre uniquement sur les coûts de production, sans intégrer l’analyse de la capacité de paiement des usagers.
Intervenant à son tour, le conseiller technique du ministre de la Santé, Koffi Joachim, a insisté sur l’importance capitale de cette restitution dans un contexte de lourds investissements et de généralisation de la CMU. « Pour garantir des soins de qualité, il est indispensable de préserver la viabilité financière et économique des établissements sanitaires », a-t-il déclaré.
Les premiers résultats mettent notamment en évidence une variabilité significative des coûts de production d’un établissement à un autre, un constat jugé riche d’enseignements pour orienter les décisions futures en matière de financement, d’efficience et de tarification.
L’atelier avait pour objectifs de valider la méthodologie et les résultats de l’étude auprès des parties prenantes, de faciliter la compréhension des écarts entre les coûts réels et les tarifs de référence en vigueur, et de recueillir les observations et recommandations des participants. Les échanges doivent également permettre de poser les bases de politiques tarifaires adaptées et de plans d’action concrets.
Ont pris part à la rencontre des représentants des administrations sanitaires, des établissements de santé, des partenaires techniques et financiers – dont la Banque mondiale, l’UNICEF et l’OMS – ainsi que des consultants et des acteurs du secteur privé de la santé.
À l’issue de cet atelier, les résultats préliminaires devraient être enrichis et consolidés, ouvrant la voie à des décisions éclairées pour bâtir un système de santé ivoirien plus équitable, durable et financièrement soutenable, au bénéfice de l’ensemble des populations.
Wassimagnon
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