

Côte d'Ivoire : Litige foncier, le peuple Ebrié accuse l'Etat de lui exproprier ses terres et appelle à l'arbitrage du chef de l'Etat
Les Ebriés mercredi à Akandjé à Bingerville (DR)
Le village d’Akandjé a abrité, ce mercredi 12 février 2025, une rencontre décisive entre les représentants des communautés villageoises et l’ONG Jury International Promotion des Droits de l’Homme (PDH). Au cœur des discussions :
la dénonciation du refus de l’Etat ivoirien de respecter ses engagements envers le peuple Ebrié, propriétaire ancestral des terres de la capitale économique Abidjan. Ces terres font l’objet d’une exploitation abusive de la part de l’Etat, en violation des protocoles d’accord signés, dont certains remontent à l'époque coloniale.
Le 6 décembre 2024, trois villages Tchaman – Akandjé, Abatta et Abouabou – ont saisi l'ONG Jury International PDH pour l'alerter sur des expropriations foncières qu'ils considèrent comme abusives. En réponse, l’ONG a initié une série de consultations afin de recueillir les doléances des populations concernées. La première étape, tenue à Akandjé, a permis aux villageois d’exposer leurs préoccupations.
Selon Mobio Franck, porte-parole des villages présents, la délimitation des terres du village d'Akandjé est une source de tensions majeures. Il dénonce une expropriation progressive de leurs terres par les villages voisins, notamment Djorobité 1 et 2.
« La parcelle de Irho Lamé, longtemps utilisée comme station de recherche, est une partie intégrante du territoire d'Akandjé. Cependant, nous assistons aujourd'hui à une cession inquiétante de nos terres par nos voisins », a-t-il déclaré.
L’une des principales revendications du peuple Ebrié est le droit de revendiquer des terres de l'autre côté de la lagune, un droit qui leur serait contesté. « Une autorité locale nous a assuré que la redéfinition des limites ne compromettrait pas notre propriété foncière. Mais cette interprétation est difficile à accepter, car, en réalité, nous perdons nos terres », a-t-il ajouté, appelant à une action immédiate pour rétablir la justice.
Edouard Guidy, ancienne gloire du football ivoirien et expert en foncier, a souligné que la question foncière est au cœur des crises que traverse la Côte d’Ivoire depuis plusieurs décennies.
Il a rappelé l’historique des protocoles d’accord signés depuis 1886, définissant les limites territoriales du peuple Ebrié, allant de Dabou à la Comoé (d’ouest en est) et de l’Océan Atlantique à Anyama (du sud au nord). En tant que conseiller pour l’ONG Jury International PDH, il a affirmé que des mesures concrètes seraient prises pour garantir le respect des droits fonciers d'Akandjé, Abatta et Abouabou.
Tausciagnon Grah Kouassi, président de l'ONG Jury International PDH, a promis une enquête approfondie, menée en collaboration avec un commissaire de justice. « Nous avons été saisis de cette affaire et avons ouvert une investigation pour établir la vérité sur les faits rapportés. Un rapport détaillé sera remis aux autorités compétentes, notamment au Président de la République, ainsi qu'aux ministères de la Justice, de la Construction et de l'Intérieur, sans oublier nos partenaires internationaux », a-t-il déclaré.
Les consultations se poursuivront dans les prochains jours à Abatta et Abouabou. Lors de la rencontre d'Akandjé, les délégations de ces villages ont manifesté leur solidarité, affirmant qu’elles ne comptaient pas renoncer à la défense de leurs terres.
Face à cette situation, les représentants des villages concernés demandent l’arbitrage du Président Alassane Ouattara. Ils appellent à une reconnaissance officielle de leurs droits fonciers et à une intervention rapide pour freiner l’expropriation qu’ils considèrent comme une injustice. La question foncière, source de tensions récurrentes en Côte d'Ivoire, reste donc un enjeu crucial pour la stabilité et la cohésion sociale du pays.
Donatien Kautcha, Abidjan

Infos à la une




Communiqués
Côte d'Ivoire

Côte d'Ivoire

Côte d'Ivoire
