

Cameroun : Présidentielle 2025, la candidature de Kamto dans l'impasse juridique, selon Mathias Eric Owona Nguini
Pr Mathias Eric Owona Nguini (Ph)
Le politologue Owona Nguini décortique « l'erreur fondamentale » du MRC dans un argumentaire juridique publié ce lundi.
À quelques mois de l'élection présidentielle camerounaise, une controverse juridique secoue la classe politique. La candidature potentielle de Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), fait l'objet d'un débat constitutionnel intense. Au cœur de cette polémique : les conséquences du boycott des élections législatives et municipales de 2020 par le Mrc sur sa capacité légale à présenter un candidat en 2025.
Le Professeur Mathias Eric Owona Nguini, vice-recteur de l'Université de Yaoundé II et politologue reconnu, vient de publier une analyse juridique rigoureuse qu'il qualifie de démonstration de « l'erreur » dans laquelle s'enferme le Mrc. Son argumentaire en dix points démonte méthodiquement la stratégie du parti de Maurice Kamto.
Bataille constitutionnelle
Pour le politologue camerounais, la question centrale repose sur l'interprétation de plusieurs articles de la Constitution camerounaise et du Code électoral. Le Mrc, n'ayant pas participé aux élections législatives et municipales de 2020, ne dispose pas d'élus propres. Pour contourner cette difficulté, le parti de Maurice Kamto tente de s'appuyer sur des élus issus d'autres formations politiques qui auraient rejoint ses rangs depuis.
« C'est de l'imposture que de faire croire que le Mrc pourra présenter lui-même un candidat à l'élection présidentielle au motif fallacieux que des élus ayant acquis leur mandats électifs avec d'autres partis se seraient ralliés à lui », affirme sans détour le Pr Owona Nguini.
Les dix arguments qui font vaciller la stratégie du Mrc
L'analyse du politologue s'articule autour de l'article 121 du Code électoral qui stipule qu'un parti ne peut présenter un candidat à l'élection présidentielle que s'il est représenté par des élus dans les conseils municipaux, régionaux, à l'Assemblée nationale ou au Sénat.
Le Mrc invoque l'article 15 alinéa 3 de la Constitution sur la nullité du mandat impératif pour justifier que des élus d'autres partis puissent désormais le représenter. Mais selon Owona Nguini, cette interprétation relève du « sophisme » et de la « contorsion » juridique.
« L'article 6 alinéa 6 de la Constitution dispose que c'est la loi, le Code électoral en l'occurrence, qui détermine le régime de l'élection présidentielle », rappelle le professeur. Il souligne également que selon le principe juridique « lex specialis derogat legi generali » (la loi spéciale déroge à la loi générale), l'article 121 du Code électoral prévaut sur l'article 15 alinéa 3 de la Constitution dans ce cas précis.
Obstacle procédural insurmontable
La démonstration du professeur Owona Nguini se conclut sur un argument procédural imparable : « Au niveau processuel, le parti ayant boycotté toutes les élections ne peut prouver que les élus ralliés issus d'autres partis le représentent dans les différentes instances représentatives, car il lui sera exigé les procès-verbaux des résultats des diverses élections attestant que ce parti a bien obtenu des élus à l'issue de ces scrutins. »
En d'autres termes, le Mrc se heurtera à une impossibilité matérielle de fournir la preuve administrative de sa représentativité électorale, condition sine qua non pour présenter un candidat selon le Code électoral.
Cette analyse intervient dans un contexte politique déjà tendu. Si la position du professeur Owona Nguini venait à être confirmée par les instances électorales, elle pourrait signifier l'exclusion de Maurice Kamto de la course présidentielle de 2025 sous la bannière du Mrc. Mais Maurice Kamto, possède toutefois la possibilité de se présenter à l’élection présidentielle sous la bannière d’un autre parti politique possédant des élus.
Une partie de l’opinion, pense que le boycott électoral de 2020, adopté par certains partis d'opposition dont le Mrc aura des conséquences à long terme sur leur participation au jeu démocratique.
Le débat juridique est désormais lancé, et tous les regards se tournent vers les instances électorales qui devront trancher cette question complexe dans les semaines à venir, alors que l'échéance présidentielle se profile à l'horizon.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-ou cameroun@koaci.com

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