Les chefs wê (Ph Koaci)

Réunis le jeudi 12 juin 2025 à la Maison des Chefs du Cavally, dans le quartier Déguerpir à Guiglo, les chefs de villages et de cantons des régions du Cavally et du Guémon ont fermement dénoncé une tentative de remise en cause des fondements de leur organisation coutumière. Au centre de leur indignation : l’annonce de la désignation d’un soi-disant "chef suprême du peuple wê", survenue lors d’une assemblée organisée à Abidjan le 27 mars 2025, sans qu’aucun des garants traditionnels locaux n’en ait été informé ni consulté.

Prenant la parole au nom de l’ensemble des chefs présents, Bahie Adrien, chef du village de Glopaoudy, a lu une déclaration commune rejetant avec vigueur cette initiative jugée illégitime. Selon leurs propos, l’idée même d’un chef suprême est étrangère à l’organisation sociopolitique du peuple wê, fondée sur un équilibre entre villages et cantons, chacun dirigé selon ses propres structures et traditions. Les chefs estiment que cette annonce unilatérale risque non seulement de semer la confusion, mais surtout de diviser profondément les communautés wê.

La rencontre, placée sous la direction de Yadé Por Luc, chef du village de Goya et président de la coordination des chefs du département de Guiglo, ainsi que de Goué Patrice, chef du canton Zibiao et président par intérim de la Chambre des rois et chefs traditionnels du Guémon, a été marquée par une volonté ferme de préserver l’unité et la cohésion du peuple wê. Tous ont appelé à un retour au respect des pratiques ancestrales, en insistant sur la nécessité de ne pas instrumentaliser les symboles et autorités traditionnelles à des fins extérieures aux intérêts des communautés concernées.

Enfin, ces chefs ont réaffirmé que toute évolution ou adaptation dans l’organisation coutumière devait naître d’un consensus local, et non d’initiatives prises en dehors de leur cadre légitime. À travers cette déclaration, ils entendent préserver l’intégrité culturelle du peuple wê et s’opposer à toute tentative de réécriture de leurs structures traditionnelles.

Jean Chresus, Abidjan