Issa Tchiroma



Le président du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC) et ancien ministre Issa Tchiroma Bakary s'est vu refuser l'embarquement sur un vol vers Dakar ce jeudi à l'aéroport international de Yaoundé-Nsimalen. Cette interdiction de quitter le territoire camerounais intervient quelques semaines après sa démission du gouvernement et l'annonce de sa candidature à l'élection présidentielle de 2025.

L'ex-ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle se dirigeait vers la capitale sénégalaise accompagné de sa fille dans le cadre de ce qu'il présente comme un déplacement à caractère personnel. Selon son entourage, le candidat déclaré souhaitait se recueillir sur la sépulture d'Ahmadou Ahidjo, premier président du Cameroun décédé en exil.

Les autorités aéroportuaires n'ont fourni aucune justification officielle de cette mesure restrictive. D'après les témoignages recueillis, les services de sécurité se sont contentés d'invoquer des « instructions supérieures » sans préciser davantage les motifs de cette décision.

L'opposition crie à la « dérive autoritaire »

Cette affaire a immédiatement provoqué la colère de l'opposition camerounaise. Le député Jean Michel Nintcheu, figure proche de Maurice Kamto, a vivement réagi en dénonçant un « acte liberticide » caractéristique selon lui de la « dérive autoritaire du pouvoir ».

Dans sa déclaration, le parlementaire estime que cette mesure illustre comment « le Cameroun sombre chaque jour un peu plus dans l'arbitraire et la brutalité institutionnalisée ». Il considère qu'empêcher un citoyen de circuler librement sans justification légale ni respect des procédures équivaut à « piétiner ce qu'il reste encore de libertés dans ce pays ».

Pour Jean Michel Nintcheu, le régime en place fait de l'arbitraire sa méthode de gouvernance et utilise l'intimidation pour consolider son emprise sur le pouvoir.

La famille Ahidjo monte au créneau

Parallèlement à cette polémique, Aminatou Ahidjo, fille de l'ancien chef d'État, a publié un communiqué le jeudi 31 juillet au soir. Elle accuse Issa Tchiroma Bakary d’«escroquerie politique et morale », lui reprochant de n'avoir jamais présenté ses condoléances à la famille Ahidjo malgré les nombreux deuils qu'elle a traversés.

Plus encore, Aminatou Ahidjo rappelle l'existence d'une réglementation spécifique concernant les anciens ministres : « Je dénonce également avec force les mensonges d'un homme politique qui veut ignorer sciemment les règles établies au Cameroun s'agissant des mouvements des nouveaux anciens ministres, qui doivent requérir l'autorisation de Monsieur le Président de la République avant toute sortie à l'étranger. »

Cette interdiction de voyage survient dans un contexte politique particulièrement sensible. Issa Tchiroma Bakary, qui a récemment quitté ses fonctions gouvernementales, appelle désormais à « tourner la page des 43 ans de pouvoir de Paul Biya » et se positionne comme un candidat sérieux pour la présidentielle d'octobre 2025.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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