Cameroun : Crise post-électorale, 77 manifestants au tribunal militaire, l'audience avortée faute de traducteurs
Le jeudi 11 décembre 2024, le tribunal militaire de Yaoundé a ouvert le procès de 77 personnes interpellées lors des manifestations qui ont éclaté après l'élection présidentielle d'octobre dernier. Cette première comparution, très attendue, s'est soldée par un ajournement inattendu.
L'audience n'a duré qu'environ une heure avant d'être suspendue. La raison invoquée : l'absence d'interprètes capables de traduire pour les prévenus. Selon Me Ndam, membre du collectif d'avocats assurant leur défense, la grande majorité des personnes arrêtées s'exprime uniquement en haoussa ou en fulfuldé, langues couramment parlées dans les régions septentrionales du Cameroun (Adamaoua, Nord et Extreme-Nord).
Face à cette situation, le tribunal s'est engagé à mettre à disposition des traducteurs pour la prochaine séance, fixée au 8 janvier. D'ici là, l'accusation et la défense devront soumettre leurs listes de témoins.
Crise post-électorale
Ces hommes et femmes, pour la plupart jeunes, ont été arrêtés dans la capitale après les violentes protestations déclenchées par l'annonce des résultats électoraux. Ils font face à des accusations graves : atteinte à l'ordre public, participation à des attroupements non autorisés et rébellion.
L'atmosphère au tribunal était chargée d'émotion. À l'issue de cette brève audience, les prévenus ont regagné le véhicule pénitentiaire sous les regards inquiets de leurs proches. Les familles continuent d'attendre des réponses, tandis que les avocats déplorent ce qu'ils qualifient d'impréparation judiciaire.
Droits fondamentaux
Ce report met en évidence un problème : le décalage entre les institutions judiciaires et les citoyens qu'elles sont censées servir. L'impossibilité pour des prévenus d'être jugés dans une langue qu'ils comprennent soulève des questions légitimes sur le respect du droit à un procès équitable.
La défense s'inquiète également du sort d'autres personnes toujours en détention dans divers postes de police et de gendarmerie, en attente de déferrement devant les autorités judiciaires.
Cette première comparution intervient dans un climat politique particulièrement tendu. La crise post-électorale, déclenchée après la proclamation de la réélection de Paul Biya, président en fonction depuis 42 ans, a paralysé plusieurs villes du pays.
Les chiffres témoignent de l'ampleur de la répression : selon les autorités gouvernementales, plus de 1 200 personnes ont été arrêtées. Les organisations non gouvernementales dénombrent quant à elles une quarantaine de décès liés aux manifestations.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com
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