À quelques jours des élections législatives prévues le 27 décembre prochain, le climat politique dans la circonscription de Béoumi devient de plus en plus préoccupant. Des sources concordantes font état de pratiques jugées irrégulières et potentiellement dangereuses pour la transparence du scrutin, suscitant une vive inquiétude au sein des populations locales et des cadres de la région.

Selon plusieurs témoignages recueillis sur le terrain, des personnes se présentant comme des représentants de candidats aux législatives auraient engagé, depuis quelques jours, une opération de recensement des populations dans plusieurs villages de la circonscription. Une démarche qui alimente la suspicion, d’autant plus que ces agents consigneraient, sur leurs téléphones portables, les numéros de cartes nationales d’identité des habitants.

« Les parents sont inquiets. On ne comprend pas pourquoi des informations aussi sensibles sont collectées dans un contexte électoral », s’indignent des cadres originaires de Béoumi et des localités environnantes.

Plus grave encore, ces mêmes sources affirment que des populations auraient été contraintes de signer des engagements de vote en faveur de la liste du RHDP. Des jeunes des sous-préfectures d’Ando-Kékrénou et de Kondrobo dénoncent des pressions exercées sur certains chefs de village.

« Des chefs qui avaient reçu des motos lors de la présidentielle et qui refusent aujourd’hui de signer les engagements proposés se voient retirer ces dons », accusent-ils, dénonçant des pratiques qu’ils qualifient d’illégales et contraires aux principes démocratiques.

Autre accusation préoccupante : la récupération de cartes d’électeurs contre rémunération. Selon plusieurs témoignages, des individus sillonnent les villages pour acheter les cartes d’électeurs de certains habitants, moyennant la somme de 20 000 FCFA.

« Le problème a été porté à l’attention du procureur, qui nous a conseillé de saisir le responsable régional de la Commission électorale indépendante (CEI) », confient des jeunes de la circonscription, visiblement alarmés par la situation.

Pour des sources proches de la liste Entente pour le développement de Béoumi (EDV), conduite par Maurice Agoh et Antoinette Konan, ces pratiques relèvent clairement de la fraude électorale.

« Il s’agit tout simplement de tricherie sur fond d’intimidation », affirme une source proche de la liste EDV. Cette formation est en lice face à la liste officielle du RHDP, menée par le ministre Sidi Touré, ainsi qu’à une liste dissidente du parti au pouvoir, conduite par le maire de Béoumi, Jean Marc Kouassi.

À l’approche du scrutin, plusieurs acteurs locaux appellent les autorités administratives, judiciaires et électorales à une vigilance accrue afin de garantir un processus électoral libre, transparent et apaisé dans la circonscription de Béoumi.

Alors que les regards sont désormais tournés vers la CEI et les forces de sécurité, les populations espèrent que des mesures urgentes seront prises pour préserver l’intégrité du vote et la crédibilité du processus démocratique.

Wassimagnon