Ouattara le 5 mars dernier à Yakro

Le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, a surpris plus d’un en annonçant qu’il ne briguerait pas un troisième mandat.

Un acte fort, historique, disent certains, car, pour la première fois en Côte d’Ivoire, un président élu démocratiquement organisera une passation de pouvoirs avec un autre président élu démocratiquement. C’est également une pierre dans le jardin des autres chefs d’État africains qui seraient tentés de jouer les prolongations, indiquent d’autres.

Pour sa première interview après son annonce, le président ivoirien s’est confié à Jeune Afrique.Il revient sur les raisons qui l’ont poussé à prendre cette décision. Il revèle avoir pris cette décision depuis 2016.

«C’est une décision prise de longue date, notamment depuis l’adoption de la Constitution de 2016, et j’ai eu l’occasion de l’annoncer à plusieurs reprises. Dix ans au pouvoir, cela suffit largement. Et j’ai pour habitude de respecter mes engagements », déclare Ouattara avant de relever.

« C’est vrai que j’ai eu quelques appréhensions en 2017, avec les mutineries qui ont ébranlé tout le monde, y compris moi-même. Je me suis dit : « Si nous n’arrivons pas à rétablir la sécurité, est-ce que ce serait dans l’intérêt de mon pays de partir ? » Mais, depuis 2018, nous avons remis les choses en place, le niveau de sécurité est maintenant satisfaisant, les forces de défense et de sécurité sont vraiment professionnelles et républicaines. Par conséquent, il n’y a plus de raison de douter de l’avenir et de la stabilité du pays. »

Alors qu’il avait un temps lié sa candidature à celles d’Henri Konan Bédié et de Laurent Gbagbo, le président ivoirien que ce n’était pas une menace.

« Disons que c’était une stratégie », soutient Ouattara et poursuivre. « J’aurais pu manipuler les textes, mais ce n’est pas ma manière de faire de la politique ».

Donatien Kautcha, Abidjan