Macron lundi soir en France

Malgré le manque de recul clinique et le possible risque sanitaire, depuis ce mardi, la France a indirectement imposé une vaccination obligatoire contre la covid-19 avec la mise en place du "pass sanitaire" pour l'accès aux lieux de vies (restaurants, bars, cinémas, centre commerciaux, salles de spectacles, gares, aéroports...) d’ici à la fin juillet.

L'annonce a été faite par le Président français, affaibli après un revers électoral de taille aux récentes régionales (10% des suffrages pour son parti et quatre ministres battus dès le premier tour, ndlr).

Avec cette décision d'Emmanuel Macron, la France a ainsi rejoint le Turkménistan, le Tadjikistan, où la vaccination est obligatoire ainsi que le Pakistan et l'Arabie Saoudite, où a été imposé le pass sanitaire. Quatre pays classés parmi les dictatures de ce monde.

Alors que plus d'un an et demi après son apparition, la maladie est soignée sans soucis par le corps médical et ne présente que peu de risque au regard de son infime taux de létalité, en Côte d'Ivoire où nombreux sont ceux qui ont des attaches ou des habitudes de courses en France, et surtout où la vaccination contre la Covid-19 est largement contestée, on s'interroge.

Si une tendance à la destination Dubaï pour les courses était déjà observée depuis la crise de la covid, comme nous vous le rapportions en février dernier, l'annonce d'hier soir n'est pas là pour arranger l'attractivité française pays dans lequel le tourisme représente l'une des principales ressources financières. En effet, la décision d'instauration du "pass sanitaire", en d'autres termes, de vaccination obligatoire contre la Covid-19, surprend autant qu'elle désole du côté d'Abidjan, comme mesuré par KOACI aussi bien dans la communauté française résidente, qu'auprès des voyageurs.

Nombre d'entre eux, réfractaires à toute idée d'injection dans leur corps d'un vaccin dont on ignore à cette heure les effets sur la santé, commencent à regarder d'autres destinations dans l'espace Schengen pour leurs vacances. On parle de vacances en Italie, au Portugal, en Espagne, en Suisse ou en Belgique.

"Je devais aller en France en aout, mais depuis l'annonce d'hier et cette vaccination obligatoire pour avoir le pass sanitaire, moi et mon mari on a préféré changer on a opté pour des vacances au Portugal", témoigne Jessica Kouakou, cadre dans une banque de la place, interrogée au sortir d'une agence de voyage.

Delphine, une Française installée depuis quelques années en Côte d'Ivoire rencontrée au Plateau, elle, s'interroge et espère que les autorités françaises ne valideront pas cette décision. "J'espère que le conseil constitutionnel rejettera cette obligation de pass sanitaire pour vivre normalement, c'est le début d'une société de contrôle permanent qui m'effraie. En France on manipule l'opinion par les médias mainstream et on prend des mesures qui réduisent progressivement les libertés individuelles. Chacun a le droit de choisir s'il veut ou s'il ne veut pas se faire vacciner surtout avec des vaccins pour lesquels on a aucun recul, qui présentent de vrais risques. Un proche s’est fait vacciner et il a tous les problèmes depuis, il a mal aux jambes. Regardez même en France le sprinter Lemaître a été obligé de renoncer aux JO après s'être fait vacciner, c'est pour dire.", témoigne la française. Elle nous expliquera avoir renoncé à ses congés prévus pour la fin juillet en France pour cette année. Elle ira rejoindre des proches en Espagne, non loin. "Je ne souhaite pas me faire vacciner, j'irais donc en Espagne pour mes vacances en faisant mes tests covid avant le départ et avant le retour, comme exigé.".

Nous rencontrerons également Issouf, venu prendre des renseignements sur la Turquie dans une agence de voyage alors qu'il pensait passer des vacances en famille du côté de Perpignan (sud de la France, ndlr). Il avoue réfléchir depuis l'annonce de Macron. "C'est une décision assez inquiétante, ma femme et moi nous ne voulons pas risquer de se faire vacciner et d'être face à des contrôles permanents, limite pour aller pisser, c'est la parano totale. Si cette décision est validée, on changera notre destination. On ira en France quand ils en auront fini avec tout ça. En attendant, il y a plein d'autres pays hors du continent accessibles depuis la Côte d'Ivoire désormais comme les USA, la Turquie, Dubaï, possible qu'on se penche sur l'un des trois.".

Une tendance qui se dessine dans les agences de voyages. "Depuis l'annonce du président français, rien que pour aujourd'hui j’ai déjà une dizaine d'annulations de voyage et on nous appelle pour des renseignements pour des modifications, les gens ne veulent pas se faire vacciner, vous savez ici la covid n'est pas une réalité inquiétante, on a plus peur du vaccin que de la covid.", nous explique une responsable d'agence de voyage d'Abidjan. D'autres agences contactées auront des tendances similaires.

Pour rappel, malgré le tintamarre médiatique venu principalement de France, la Covid-19, ses variants et ses delta, n'ont pas trouvé en Côte d'Ivoire un terreau favorable, une donne qui explique peut-être l'aversion générale à toute idée de vaccination hasardeuse.

Amy Touré