Des migrants ivoiriens en 2019 (DR)

Le président de la République de Tunisie Kais Saïed a prôné le mardi 21 février 2023 des « mesures urgentes » contre les flux migratoires d’Africains subsahariens en Tunisie.

Le chef de l’Etat Tunisien a affirmé que la présence de ces « hordes de migrants » est source de « violence et de crimes » et « d'actes inacceptables » insistant sur « la nécessité de mettre rapidement fin » à cette immigration.

Des propos qui choquent une grande partie de l’opinion et qui fait craindre des actes racistes contre les communautés qui vivent dans le pays dont celle ivoirienne.

Selon un rapport de l’Instance nationale de lutte contre la traite des personnes (INLCTP), en date de novembre 2022, les ivoiriens constituent la communauté d’origine subsaharienne la plus importante en Tunisie. Or ils sont dans leur écrasante majorité en situation irrégulière. Une situation qui serait propice à toute sorte d’abus. 

Quelque 20.000 Ivoiriens vivent en Tunisie, dont les trois quarts sont en situation irrégulière, affirmait Ange Seri Soka, président de l’Union des Ivoiriens en Tunisie.

Cependant, les sources officielles tunisiennes avancent un chiffre nettement plus bas. Il y aurait ainsi environ 7000 Ivoiriens en Tunisie, selon une étude réalisée en 2021 par l’Institut National des Statistiques (INS) et ‘l’observatoire National de la Migration (ONM).

Les chiffres du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) du 30 juin 2021 révélaient que sur les 8464 réfugiés et demandeurs d’asile en Tunisie, les Ivoiriens arrivent de nouveau en tête avec 3511 individus, devançant les Syriens (2 135) et les Guinéens (468).

Et d’après l’étude de l’INS, la communauté ivoirienne est principalement masculine (65% d’hommes), et jeune dans son écrasante majorité, puisque 70,5% de ses membres sont âgés de 25 à 39 ans. 

La suppression du visa d’entrée dans le territoire tunisien pour les ressortissants de nombreux pays subsahariens, dont la Côte d’Ivoire, a contribué à cette migration, note-t-on.

Les mesures urgentes du président Kais Saïed contre les flux migratoires d’Africains subsahariens seront-elles fatales aux migrants (es) de la nationalité ivoirienne ? 

Donatien Kautcha, Abidjan