Les panélistes à Abidjan

Le gouvernement ivoirien qui envisage de faire du tourisme, le troisième pôle de l'économie du pays, a initié plusieurs projets structurants avec pour objectif de positionner la Côte d'Ivoire, comme un hub touristique.

Ainsi, des projets ambitieux comme " Sublime Côte d'Ivoire" d'un coût de 3.200 milliards de FCFA avec en son sein "le pass touristique" qui est une application de paiement et de réservation via le digital, ont été mis en œuvre pour vendre davantage la destination Côte d'Ivoire surtout à l'étranger.

Cependant, le secteur de la gastronomie qui alimente avec ses ressources insoupçonnées le tourisme, reste encore mal exploité, dans la mesure où il continue de fonctionner en grande partie dans l'informel. Convaincus des énormes potentialités que regorge ce secteur, des professionnels de la gastronomie et de l'hôtellerie ont décidé d'instruire l'opinion nationale et principalement le gouvernement ivoirien sur le rôle essentiel que pourrait jouer la gastronomie dans la croissance économique du pays si un minimum d'attention est accordé à ce domaine.

À l'initiative de Florence Koné Atta, promotrice du Festival des grillades d'Abidjan, un forum, le premier du genre, a été organisé à Abidjan, mardi 05 septembre 2023. Au cours de cette rencontre qui a vu la participation du ministère du tourisme, les acteurs et les professionnels du secteur de la gastronomie (chacun avec son expérience), ont relevé les forces et les faiblesses de la gastronomie ivoirienne, avant de se projeter sur les perspectives de ce secteur qui, à n'en point douter, dispose des atouts pour être un levier important de la croissance économique ivoirienne.

Deux panels, animés par des experts de haut niveau dans le domaine de la restauration et de l'hôtellerie, ont mis en lumière les potentialités de ce domaine d'activité qui ne demande qu'à être mieux organisé pour être l'une des véritables mamelles du tourisme et de l'économie. Le premier panel axé sur " la gastronomie ivoirienne en tant que levier de croissance économique", a été l'occasion pour son trio d'animateurs, composé du représentant du ministère du tourisme, Marcel Ohoueu, Directeur de la coopération et de la professionnalisation audit ministère, Kahé Jean-Marc et Pamela Enoble, hôtelière, de montrer la place prépondérante que tient la gastronomie dans l'économie. Ils ont montré qu'hôteliers et restaurateurs, sont des acteurs importants qu'il faut valoriser. Selon les panelistes, il est nécessaire de prendre en compte toute la chaîne de valeur qui compose ce secteur.

Par ailleurs, ils ont proposé qu'un point d'honneur soit accordé à la formation de tous les acteurs. Afin de favoriser une meilleure contribution de la gastronomie au développement de l'économie ivoirienne, Marcel Ohoueu au nom du ministère du Tourisme, a rappelé l'initiative " Sublime Côte d'Ivoire". Quant à l'internationalisation des divers mets de la Côte d'Ivoire, il a proposé une scientifisation de ceux-ci, en établissant pour chaque recette, une fiche technique, comme c'est le cas pour les spécialités étrangères.

Le deuxième panel quant à lui a porté sur le thème : " De la restauration à la gastronomie". Ce thème, pour sa part, a permis aux panélistes, constitués de chefs cuisiniers, d'instruire le public sur la différence entre la restauration et la gastronomie. Les Chef (fes) Charlie Koffi , Prisca Gilbert et Bellot Ali Mohaman ont fait savoir que la restauration par essence consiste à fournir des repas aux clients, tout en mettant l'accent sur la qualité, la quantité et l'efficacité. Cependant, la gastronomie se concentre sur l'art culinaire ainsi que la création de plats exceptionnels. La différence se trouve donc dans le fait que la gastronomie vise à faire vivre aux clients, une expérience gustative exceptionnelle dans un cadre enchanteur.

Initiatrice de ce forum, Florence Koné Atta, également promotrice du Festival des grillades d'Abidjan (FGA), a plaidé auprès du gouvernement, une véritable stratégie de promotion et de vulgarisation des mets ivoiriens à l'international.

«Il faut qu'on soit fiers de présenter nos mets, notre culture culinaire, tout comme nous sommes fiers de présenter nos artistes locaux à l'international. Cela demande tout un travail de promotion et de marketing. Je demande également au ministère du Tourisme, de savoir aussi protéger notre patrimoine culinaire. Des spécialités comme le kédjénou, le Kpléba, le placali, la sauce graine, etc., Doivent être protégés et déclarés au patrimoine de l'UNESCO », propose-t-elle.

Aussi, au niveau entrepreneurial, elle suggère que les chefs cuisiniers, experts de la gastronomie soient soutenus dans le domaine culinaire par des fonds à eux attribués. La professionnalisation du secteur est, en outre, souhaitée par Florence Koné Atta avec l'adaptation des modules de formation aux besoins spécifiques et la recherche et le développement autour de nos mets. Ce forum, notons-le, se tient à la veille de l'édition 2023 du festival des grillades d'Abidjan, prévu les 09 et 10 septembre.

Wassimagnon