Ousmane Sonko et Mélanchon

Le Premier ministre sénégalais , Ousmane Sonko, et le leader de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, ont coanimé une conférence à l’université Cheikh-Anta-Diop (Ucad).

Occasion pour les deux hommes de s'exprimer sur les relations entre l’Afrique et l’Europe , jeudi 15 mai, à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.

Devant près de  1 200 étudiants, le premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, s'en est pris vivement à la France et au chef de l' Etat français Emmanuel Macron qu' il accuse d’avoir incité à la « persécution » pendant les trois années de répression contre son camp sous l’ancien président, Macky Sall.

*"Vous n'avez jamais entendu le gouvernement français dénoncer ce qui s'est passé", a déclaré M. Sonko. Il a accusé M. Macron d'avoir accueilli et "félicité" son homologue sénégalais "au pire (moment)" de la répression. "C'est une incitation à la répression, une incitation à la persécution et à l'exécution de Sénégalais qui n'avaient (commis d'autre) crime que d'avoir un projet politique", a-t-il déclaré.

Saluant le soutien exceptionnel de M. Mélanchon, Ousmane Sonko a dénoncé le mutisme des gouvernements européens durant ces années . 

Par ailleurs, le leader des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) a réitéré "la volonté du Sénégal de disposer de lui-même, laquelle volonté est incompatible avec la présence de bases militaires étrangères" sur son sol, sans que cette perspective induise une remise en cause des accords de défense que l’État sénégalais a signés avec des pays tiers, selon l'Agence de Presse Sénégalaise (APS).

 Après les relations léonines au détriment des Africains, il a affirmé la volonté d'une coopération "fondée sur le respect mutuel et la reconnaissance des aspirations légitimes de chaque nation à la souveraineté".

Le président du mouvement de la France insoumise a pour sa part salué la détermination et l' engagement du Premier ministre pour la cause commune au Sénégal.

Toutefois, les deux hommes ont affiché leurs désaccords particulièrement sur la question du mariage homosexuel.

Ousmane Sonko a évoqué  la résistance du Sénégal, pays très conservateur face à ce qu’il perçoit comme des tentatives extérieures d’imposer des modes de vie contraires aux valeurs sénégalaises, mettant particulièrement en avant l’homosexualité.

 En réponse, Mélenchon a affirmé sa position : « Je suis le premier législateur français qui a déposé un texte de loi à propos de la possibilité du mariage homosexuel. J’assume ma position politique. Si on ne peut pas se parler franchement, on ne se parle pas. »

Le leader français s'est fait huer par les étudiants alors qu'il évoquait l’hypothèse que le Sénégal vote un jour comme la France pour trancher la question du mariage pour tous.

Avant d’être nommé chef du gouvernement en avril dernier par le président élu Bassirou Diomaye Faye, Ousmane Sonko a été emprisonné pendant plusieurs mois et empêché de concourir à l’élection dont il était l’un des favoris suite à une affaire de viols.