Sur l’affaire Glencore qui secoue le secteur pétrolier camerounais, la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH) du Cameroun intensifie ses efforts pour démasquer les acteurs impliqués dans un vaste scandale de corruption impliquant le géant du négoce Glencore. Ce mardi 10 septembre 2024 marque une étape déterminante dans cette saga judiciaire, alors que s'est ouvert à Londres le procès tant attendu des dirigeants de Glencore.

L'affaire remonte à la période 2012-2015, durant laquelle Glencore aurait versé des pots-de-vin s'élevant à environ 7 milliards de francs CFA (10,5 millions d'euros) à des responsables de la SNH et de la Sonara, deux sociétés publiques camerounaises. Ces actes de corruption auraient permis à Glencore d'obtenir des contrats avantageux sur les marchés pétroliers, au détriment des intérêts du Cameroun.

La SNH en quête de vérité

Adolphe Moudiki, Administrateur Directeur Général de la SNH, a réaffirmé dans un communiqué de presse signé ce mardi 10 septembre la détermination de son institution à faire toute la lumière sur cette affaire. La SNH suit de près les développements judiciaires au Royaume-Uni, où six prévenus ont été libérés sous caution en attendant la prochaine audience prévue le 8 octobre.

Malgré les tentatives répétées de la SNH pour obtenir les noms des agents impliqués, Glencore s'est retranché derrière une prétendue « clause d'anonymat » conclue avec le «Serious Fraud Office britannique », proche du procureur général qui menait l’enquête. Face à ce mur de silence, la SNH a pris des mesures drastiques en gelant toutes ses activités avec Glencore depuis mai 2022.

Des conséquences dévastatrices pour l'économie camerounaise

L'impact de cette affaire sur l'économie camerounaise est considérable. Selon certaines estimations, le pays aurait perdu près des centaines de milliards de francs CFA dans ce scandale. Ces pertes ont contribué à plonger le Cameroun sous ajustement structurel, entraînant des mesures d'austérité telles que l'arrêt des recrutements dans la fonction publique et la suspension de projets d'infrastructure essentiels.

La SNH ne baisse pas les bras et a déposé une plainte auprès du Tribunal Criminel Spécial (TCS) de Yaoundé le 6 novembre 2023. L'institution reste déterminée à voir les responsables de ces actes de corruption traduits en justice, conformément au code pénal camerounais.

Cette affaire met en exergue les défis persistants de la gouvernance et de la lutte contre la corruption au Cameroun. Alors que le pays cherche à maximiser les bénéfices de ses ressources naturelles pour le développement national, ce scandale souligne l'urgence de renforcer les mécanismes de contrôle et de transparence dans le secteur des hydrocarbures.

L'issue de ce procès sera déterminante non seulement pour l'avenir du secteur pétrolier camerounais, mais aussi pour la crédibilité des institutions du pays dans leur lutte contre la corruption. Le peuple camerounais, durement touché par les conséquences de ces malversations, attend avec impatience que justice soit rendue et que les responsables soient enfin tenus pour compte.

Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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