Joseph Dion Ngute PM Cameroun (Ph)

Alors que les populations de l'Extrême-Nord du Cameroun font face à des inondations dévastatrices depuis plusieurs semaines, le silence assourdissant du gouvernement suscite l'indignation. Les habitants de cette région, abandonnés à leur sort, périssent sous les intempéries sans qu'aucune réaction officielle significative ne soit observée.

Le débordement du fleuve Logone et de ses affluents a provoqué des inondations massives, touchant de nombreuses localités et détruisant des champs entiers. Yagoua, principale ville du département du Mayo Danay, a été particulièrement affectée. Le bilan provisoire, dressé par le préfet Jean Lazare Ndongo Ndongo, est alarmant : 11 décès, près de 200 000 sinistrés, plus de 30 000 cases détruites et plus de 100 000 hectares de cultures ravagées.

Face à cette catastrophe humanitaire, l'aide peine à s'organiser. Les notables du département du Mayo Danay ont tenté de s'auto-organiser lors d'une réunion à Yaoundé le 7 septembre dernier, en présence du ministre de la Jeunesse et de l'Éducation civique, Mounouna Foutsou. Cependant, cette initiative ne peut se substituer à une réponse gouvernementale globale coordonnée et à grande échelle, qui fait actuellement défaut.

Sursaut d’orgueil ?

En l’absence du chef de l’Etat étant hors du pays. Le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, est devenu le premier haut responsable à s'exprimer officiellement sur la situation. Dans un message sur son compte X (ancien Twitter), il s'est dit « affligé », par les pertes humaines et matérielles, exprimant sa « profonde émotion » et présentant les condoléances du gouvernement. Cependant, ces paroles sonnent dans le vide, face à l'ampleur de la catastrophe et à l'absence d'actions concrètes.

Le Premier ministre s'est contenté de saluer le courage des populations affectées et d'exprimer « l'engagement ferme du Gouvernement ». Pourtant, cet engagement reste à démontrer. Aucun plan d'urgence n'a été annoncé, aucune aide substantielle n'a été déployée, et aucun membre du gouvernement ne s'est rendu sur place pour évaluer la situation et coordonner les secours.

Cette inaction flagrante soulève des questions sur la capacité et la volonté du gouvernement camerounais à protéger et soutenir ses citoyens en temps de crise. Pendant que les autorités restent silencieuses à Yaoundé, les populations de l'Extrême-Nord luttent pour leur survie, confrontées non seulement aux eaux dévastatrices mais aussi à la menace imminente d'insécurité alimentaire et de crises sanitaires.

L'absence de réaction gouvernementale face à cette tragédie met en exergue l’inaction du régime Biya face à la détresse des populations. Et révèlent les disparités régionales au Cameroun et le manque d'attention accordé aux régions périphériques. Il est urgent que le gouvernement sorte de son mutisme, prenne la mesure de la catastrophe et mette en place une réponse à la hauteur de la crise. Les vies et les moyens de subsistance de milliers de Camerounais en dépendent.

Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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