L'Extrême-Nord du Cameroun est actuellement submergé par des pluies diluviennes d'une ampleur sans précédent, plongeant la ville de Yagoua et ses environs dans une situation catastrophique. 

Le bilan est lourd : une dizaine de morts, des quartiers entiers sous les eaux, 203 établissements scolaires touchés dont 190 du primaire et 13 du secondaires, et plus de 1200 têtes de bétail perdues. Au moins 200 000 personnes sont affectées, avec au moins 8000 maisons détruites.

Face à ce désastre, le président Paul Biya a fait un geste qui suscite plus de consternation que de gratitude : un don de 350 millions de francs CFA. Cette somme, qui peut paraître conséquente à première vue, se révèle être une aumône dérisoire une fois répartie entre les victimes. En effet, cela ne représente que 1750 FCFA par sinistré - à peine de quoi acheter un repas modeste.

Ce montant est d'autant plus choquant lorsqu'on le compare aux 650 millions FCFA que le même président avait accordés aux victimes du séisme en Turquie en avril 2023. Les Camerounais sinistrés ne valent-ils que la moitié des victimes turques aux yeux de leur propre président ?

Pendant ce temps, la situation sur le terrain reste critique. Les habitants, privés de leurs biens les plus essentiels, luttent pour survivre. Le seul moyen de déplacement reste la pirogue, et le département risque l'isolement total si des solutions ne sont pas rapidement mises en place. L'effondrement de ponts cruciaux, dont celui du centre-ville, aggrave considérablement les difficultés de la population.

La ministre de l'Urbanisme, Célestine Ketcha Courtes, promet une intervention rapide, mais les besoins sont immenses et urgents. Abris, nourriture, eau potable et soins médicaux sont crucialement nécessaires.

Dans ce contexte, le "don" présidentiel apparaît comme une goutte d'eau dans un océan de besoins. Il soulève des questions sur la réelle préoccupation du gouvernement pour ses citoyens en détresse. Alors que les autorités locales et les organisations humanitaires s'efforcent de fournir une assistance, on ne peut s'empêcher de se demander : à quand une véritable aide à la hauteur de cette catastrophe nationale ?

Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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