Cameroun : Présidentielle 2025, l'opposition cherche encore son unité à deux mois du scrutin
À moins de deux mois de l'élection présidentielle du 12 octobre 2025, l'opposition camerounaise navigue entre espoirs de coalition et règlements de comptes internes. Alors que Paul Biya se prépare à briguer un nouveau mandat, - le huitième-, les forces du changement peinent toujours à présenter un front unifié face au parti au pouvoir.
Dans ce contexte tendu, Cabral Libii, président du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), a surpris par son changement de cap radical. L'homme qui avait terminé troisième lors de la présidentielle de 2018 s'est déclaré « totalement partant pour une coalition » sur son compte X, annonçant son intention d'adresser des correspondances aux autres candidats pour « mutualiser les forces ».
Rupture
Cette volte-face marque une rupture avec sa position antérieure. Le leader du PCRN avait jusque-là fait preuve de réticence face aux initiatives de rapprochement orchestrées par Hermine Patricia Tomaino Ndam Njoya, présidente de l'Union démocratique du Cameroun (UDC). Son absence aux rencontres organisées ces derniers mois avait d'ailleurs nourri les interrogations sur sa réelle volonté de s'engager dans une démarche collective.
Pour justifier sa non-participation aux réunions précédentes, Cabral Libii explique qu'il ne pouvait « s'impliquer dans le suivi des travaux auxquels [il] n'avait pas participé », tout en réaffirmant sa « disponibilité à discuter des conclusions avec les initiateurs ».
Fractures persistantes
Malgré ces déclarations d'ouverture, les tensions au sein de l'opposition restent palpables. Les attaques personnelles se multiplient, comme en témoigne la charge de Clotaire Nguedjo, militant influent du PCRN, contre Issa Tchiroma Bakary, candidat du Front national pour le salut du Cameroun (FSNC).
Dans une tribune, ce dernier dresse un portrait sans concession du parcours politique d'Issa Tchiroma, qu'il qualifie de « champion de l'inconstance politique ». Le militant retrace les nombreux changements d'alliance de l'ancien ministre : de l'UNDP de Bello Bouba Maïgari en 1992 à la création de l'ANDP en 1995, puis son retour à l'UNDP en 1998, avant de fonder finalement le FSNC en 2001.
Ce qui cristallise particulièrement les critiques, c'est le soutien apporté par Issa Tchiroma à la révision constitutionnelle de 2008 qui a supprimé la limitation des mandats présidentiels, ainsi que son long passage au gouvernement entre 2009 et 2025, avant de démissionner pour se présenter à la présidentielle.
Pour rappel, en 2018 déjà, l'échec de la coalition avait facilité la réélection de Paul Biya dans un contexte pourtant favorable au changement.
Hermine Patricia Tomaino Ndam Njoya continue ses efforts de médiation. Dans un communiqué récent, elle a annoncé l'ouverture de la démarche de candidature consensuelle « aux candidats et leaders politiques dont les candidatures ont été injustement rejetées par le Conseil constitutionnel », élargissant ainsi le périmètre des négociations.
Cabral Libii avait lui-même souligné que « la réussite d'une coalition de l'opposition ne réside pas dans la juxtaposition des individus, mais dans la construction d'un projet commun », avant de définir « les modalités de choix de celui qui portera ce projeté ».
Avec onze candidats de l'opposition officiellement en lice, le temps presse. La machine électorale du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) est déjà en marche, forte de son expérience et de ses ressources. Face à elle, l'opposition dispose d'un potentiel électoral certain, mais reste handicapée par ses querelles internes et l'absence d'un leadership fédérateur.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com
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