Lamoussa Djinko, président du parti politique Renouveau Démocratique, a officiellement déposé, ce lundi soir, sa candidature pour l’élection présidentielle prévue le 25 octobre prochain. Accompagné d’une délégation de sa formation politique, il a remis ses dossiers à la Commission Électorale Indépendante (CEI), marquant ainsi son entrée formelle dans la course à la magistrature suprême.

À l’issue du dépôt, le candidat s’est exprimé devant la presse pour dévoiler les grandes lignes de son programme et adresser un message fort aux figures historiques de la vie politique ivoirienne, les présidents Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, les invitant à « passer le flambeau à la nouvelle génération ».

Dans une déclaration empreinte de gravité et de détermination, Lamoussa Djinko a dressé un constat sans détour de la situation économique et sociale du pays : « Notre pays a 65 ans. Il y a eu des progrès depuis 1960, mais selon les données de la Banque mondiale, du FMI, de l’UNESCO, du PNUD ou encore de la CIA, nous restons un pays pauvre. »

Il a salué les efforts des dirigeants passés – Houphouët-Boigny, Bédié, Guéi, Gbagbo et Ouattara – tout en soulignant la nécessité d’un renouveau : « Ils ont fait ce qu’ils pouvaient. Nous leur disons merci. Mais il est temps de passer à une nouvelle génération. »

Porté par une vision de long terme, Djinko propose un programme ambitieux axé sur une transformation économique en profondeur. Son objectif est clair : doubler le Produit Intérieur Brut (PIB) tous les 7 ans en maintenant un taux de croissance de 10 % pendant 25 ans.

« Aujourd’hui, le PIB est de 87 milliards de dollars, soit l’équivalent de 140 000 francs CFA par mois et par habitant, contre plusieurs millions dans les pays développés. »

Il déplore un SMIG encore fixé à 75 000 francs CFA et une faible industrialisation, notant que seulement 20 % du PIB ivoirien provient de l’industrie.

Un des piliers majeurs de son programme est la refonte de la politique monétaire du pays. Le candidat critique l’ancrage du franc CFA à l’euro et la garantie française sur cette monnaie : « Depuis 1945, nous utilisons une monnaie imposée, et même après la fermeture du compte d’opérations en 2020, notre monnaie reste liée à l’euro. Cela doit cesser. »

Il prône une politique monétaire africaine souveraine, émise et contrôlée par une banque centrale indépendante au sein de l’espace monétaire ouest-africain.

Lamoussa Djinko entend élargir la base productive du pays en réduisant la part de l’agriculture à 4-5 % du PIB, tout en renforçant le secteur industriel. Selon lui, l’un des leviers clés pour créer de l’emploi est un système bancaire réformé et accessible : « Sans banque fonctionnelle, pas d’entrepreneuriat possible. Il faut que les entrepreneurs comme les consommateurs puissent accéder au crédit. »

Au-delà de l’économie, le candidat du Renouveau Démocratique a insisté sur un sujet qu’il juge fondamental : la cohésion sociale et la question identitaire. Selon lui, les crises successives qu’a connues la Côte d’Ivoire trouvent leur origine dans un problème d’identité nationale non résolu.

« Depuis 1960, certains Ivoiriens se sentent étrangers dans leur propre pays. Aucun leader ni parti politique n’a osé affronter cette réalité. »

Il appelle à une discussion nationale inclusive pour résoudre durablement cette question, qu’il juge à la racine des tensions sociopolitiques depuis plus de trois décennies. 

En conclusion, Lamoussa Djinko se présente comme le porte-voix d’une nouvelle génération, déterminée à bâtir une Côte d’Ivoire prospère, souveraine, industrielle et socialement unie : « Notre génération va transformer la Côte d’Ivoire. Ce ne sera pas facile, mais nous sommes prêts. Et cela se fera en 25 ans. »

Wassimagnon