Cameroun : Présidentielle 2025, en proie aux divisions, l'opposition accusée de creuser sa propre tombe face au RDPC
Akere Muna
À l'orée de la présidentielle du 12 octobre 2025, le paysage politique camerounais offre un contraste saisissant : d'un côté, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) avec son maillage territorial impressionnant forgé par 43 années de pouvoir ; de l'autre, une opposition émiettée qui semble orchestrer elle-même sa propre défaite.
L'analyse d'Akere Muna résonne comme un électrochoc : qualifier l'opposition camerounaise de « la plus bête d'Afrique » peut paraître brutal, mais cette formule choc révèle une réalité que beaucoup préfèrent ignorer. Face à un président nonagénaire largement absent de la scène publique, onze prétendants se disputent les fragments d'un pouvoir qu'ils n'arriveront jamais à saisir séparément.
Cette fragmentation n'est pas un accident de parcours, mais bien le résultat d'un aveuglement collectif qui persiste malgré les échecs répétés. La leçon de 2018, où cette même désunion avait pavé la route vers une victoire facile du candidat sortant, semble avoir été effacée des mémoires.
Théâtre
Les épisodes récents devant le Conseil constitutionnel illustrent parfaitement cette tragédie politique. Pendant que les enjeux nationaux appellent à l'union sacrée, les leaders de l’opposition se chamaillent sur des questions de logos et de symboles, transformant ce qui devrait être un moment solennel en vaudeville politique.
Cette cacophonie contraste violemment avec la machine bien huilée du RDPC, qui peut compter sur des décennies de structuration territoriale et un réseau militant solidement ancré dans toutes les circonscriptions du pays.
Au-delà des excuses légitimes
Certes, le terrain de jeu n'est pas équitable. Les institutions électorales manquent d'indépendance, l'accès aux médias reste déséquilibré, et les entraves aux campagnes de l’opposition réelles. Mais ces obstacles, bien que significatifs, ne sauraient justifier l'autodestruction en cours.
Le paradoxe est cruel : pendant que l'opposition se saborde par ses querelles internes, le système qu'elle combat tire sa force principale de cette division même. Chaque candidature supplémentaire devient un vote en moins pour l'alternative démocratique, un calcul que le parti au pouvoir maîtrise parfaitement.
L'appel d'Akere Muna transcende les considérations partisanes : les Camerounais « pleurent le changement » et « supplient pour une opposition unie ». Cette supplique populaire devrait résonner comme un impératif moral pour tous ceux qui prétendent incarner l'alternance.
La fenêtre d'opportunité se referme rapidement. Sans un sursaut d'orgueil et une mise de côté des ambitions personnelles, l'opposition risque non seulement une nouvelle défaite cuisante, mais aussi de condamner le pays à prolonger une gouvernance qui s'étire depuis plus de quatre décennies.
L'équation du courage
La question posée par Akere Muna mérite d'être répétée : avons-nous « assez de courage, d'altruisme et d'intelligence » pour dépasser nos divisions ? L'histoire jugera sévèrement ceux qui auront préféré leurs ambitions personnelles à l'espoir d'un peuple en quête de renouveau.
Face au rouleau compresseur organisationnel du RDPC, seule une coalition unie ou, à défaut, un candidat consensuel pourrait inverser la donne.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com
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