Côte d'Ivoire : Promotion de l'aquaculture, la JICA aux côtés du gouvernement pour booster la production piscicole
Face à l'urgence alimentaire et au déficit criant de production halieutique, le gouvernement ivoirien et l’Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA) ont donné le coup d’envoi d’un séminaire stratégique visant à promouvoir l’investissement privé dans le secteur de l’aquaculture. Organisé dans le cadre du Projet de Relance de la Production Piscicole Continentale (PREPICO2), ce séminaire s’est tenu au foyer des jeunes, en présence de 300 participants venus de divers horizons.
Présidée par Assoumany Gouromenan, Directeur de cabinet du Ministère des Ressources Animales et Halieutiques (MIRAH), la cérémonie d’ouverture a enregistré la participation du Représentant résident de la JICA en Côte d’Ivoire, Takagi Hiroki, ainsi que des autorités locales : représentants de la mairie et du sous-préfet de Bingerville.
Dans son discours d’ouverture, Assoumany Gouromenan a dressé un tableau sans détour de la situation halieutique du pays : « Notre consommation annuelle de produits halieutiques s’élève à environ 700 000 tonnes, alors que notre production locale, pêche et aquaculture confondues, plafonne à 150 000 tonnes. Nous importons donc plus de 550 000 tonnes chaque année, ce qui coûte à l’État plus de 700 milliards de francs CFA. C’est un modèle insoutenable. »
Face à ce déséquilibre, l’État ivoirien mise désormais sur l’aquaculture pour combler le fossé entre l’offre et la demande, garantir la souveraineté alimentaire, et renforcer la résilience du pays face aux chocs extérieurs.
« L’aquaculture est une alternative crédible, rentable et durable. Nous avons les ressources hydriques, les compétences locales, et surtout une volonté politique forte », a ajouté M. Gouromenan, appelant les jeunes, les femmes, les coopératives et les porteurs de projets à s’engager dans ce secteur en pleine expansion.
Prenant la parole à son tour, Takagi Hiroki, représentant de la JICA, a rappelé les objectifs du PREPICO2, qui s’étend de novembre 2021 à mars 2027. Ce projet vise à faire passer la production piscicole dans la zone cible de 1 800 tonnes à 8 000 tonnes, tout en structurant une véritable chaîne de valeur.
Cependant, le défi reste de taille : « Même avec une hausse de productivité, le nombre actuel de pisciculteurs, environ 527 dans la zone cible, est insuffisant pour atteindre nos objectifs », a-t-il souligné.
« C’est pourquoi nous organisons ces séminaires pour attirer de nouveaux investisseurs, créer des réseaux de coopération, et faire émerger une nouvelle génération d’acteurs piscicoles. »
Ce séminaire a pour but principal de sensibiliser les investisseurs potentiels aux opportunités d’investissement piscicole dans la région d’Abengourou et au-delà, présenter les modèles économiques viables et les techniques modernes de production piscicole, informer sur les outils de financement disponibles et les démarches administratives à entreprendre, favoriser les rencontres entre acteurs existants (pisciculteurs, fournisseurs, techniciens) et les nouveaux entrants, partager des cas de réussite inspirants pour stimuler l’intérêt et renforcer la crédibilité du secteur.
À travers des interventions thématiques, les participants ont pu explorer, l’état actuel de la production piscicole, les perspectives de rentabilité, les initiatives d’appui technique du MIRAH, les dispositifs réglementaires et les zones géographiques à fort potentiel.
Malgré une consommation annuelle moyenne de 25,6 kg de poisson par habitant, la production nationale ne couvre que 17% de la demande, avec une contribution aquacole de seulement 9%, soit 8 476 tonnes en 2023. Pourtant, le pays regorge de ressources naturelles favorables (rivières, lagunes), encore largement sous-exploitées.
C’est pourquoi le MIRAH, à travers ses Directions régionales et départementales, s’engage à accompagner techniquement les investisseurs dans toutes les étapes de leur projet. Des brochures, des vidéos promotionnelles et des témoignages ont également été partagés pour mieux illustrer les opportunités du secteur.
La cérémonie de Bingerville marque ainsi un tournant dans la politique de développement halieutique de la Côte d’Ivoire. Elle traduit la volonté de rompre avec la dépendance aux importations et de bâtir une industrie aquacole résiliente, inclusive et prospère.
« Il est temps que nous-mêmes, Ivoiriens, prenions en main notre destin alimentaire et économique. L’aquaculture est une belle voie. Ne la laissons pas passer », a conclu Assoumany Gouromenan, dans un message mobilisateur à l’ensemble des participants.
Wassimagnon
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