Le cousin interpellé (Ph Koaci)

À Lekissou-Kaabo, village du département de Didiévi, un deuil à frappé une famille. Deux cousins que tout semblait rapprocher ont partagé un moment qui devait symboliser la fraternité et la réconciliation. Mais derrière le sourire et les verres levés, se tramait un plan sombre qui allait bouleverser la population.

Kouadio Kouassi Hervé, couturier reconnu dans le village, avait convié son cousin Yao Kouakou Louis Daniel, âgé de 30 ans, à boire du koutoukou, l’alcool local souvent présent lors des réjouissances. L’invitation, perçue comme un signe d’apaisement entre deux parents longtemps en froid, avait rassuré l’entourage. Personne n’imaginait que cette rencontre dissimulait en réalité une vengeance nourrie depuis plus de vingt ans. Profitant d’un instant où son cousin s’était absenté, Kouadio aurait versé une substance toxique dans son verre.

Quelques heures après cette consommation, Yao a commencé à ressentir de violentes douleurs intestinales. Transporté au Centre de Santé Urbain de Molonoublé, son état s’est rapidement dégradé, laissant les soignants impuissants. Le lendemain matin, il succombait, laissant sa famille dévastée et le village plongé dans une incompréhension totale.

Les circonstances de la mort ayant éveillé des soupçons, les forces de gendarmerie en patrouille dans la zone ont rapidement interpellé le cousin avec lequel la victime avait passé ses dernières heures. L’audition de Kouadio Kouassi Hervé a mis fin aux doutes. Face aux enquêteurs, il a reconnu avoir prémédité son geste. Pire encore, il a sorti de ses affaires un sachet contenant le poison utilisé, comme pour prouver la véracité de ses aveux.

Selon ses déclarations, l’acte aurait été motivé par un sentiment de trahison. Il reprochait à son cousin d’avoir, depuis 2003, entretenu une liaison avec sa propre compagne. Une rancune qu’il aurait ruminée des années durant, jusqu’à ce qu’elle se traduise en passage à l’acte irréversible.

Aujourd’hui placé en garde à vue, Kouadio Kouassi Hervé attend de répondre de ses actes devant la justice. Dans le village, les habitants peinent encore à croire que des liens familiaux aient pu voler en éclats de manière aussi dramatique. Entre consternation et colère, la communauté s’interroge sur le poids des rancunes silencieuses, capables de mener à l’irréparable.

Ce fait divers tragique rappelle avec brutalité combien les non-dits et les blessures anciennes, lorsqu’ils ne trouvent pas de résolution pacifique, peuvent éclater un jour sous la forme la plus destructrice.

Jean Chresus, Abidjan