Une pratique controversée s’installe progressivement dans les établissements privés d’Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire. De plus en plus d’écoles primaires privées mettent leurs salles de classe à la disposition de groupes religieux, transformant ces espaces d’apprentissage en lieux de culte en dehors des heures de cours.

Selon des informations recueillies par KOACI.COM, cette tendance, bien que surprenante, devient monnaie courante dans plusieurs communes d’Abidjan, notamment à Abobo, Yopougon, Port-Bouet et Cocody.

Les responsables d’établissements scolaires sont souvent à l’origine de cette initiative, proposant volontairement leurs salles à des groupes religieux en échange d’une rémunération.

Un directeur d’école d’Abobo, qui a souhaité garder l’anonymat, a expliqué : « Nous offrons nos classes aux hommes de Dieu pour qu’ils chassent les mauvais esprits de nos établissements. »

Selon lui, ces interventions spirituelles seraient bénéfiques pour “purifier” l’établissement et garantir une meilleure ambiance scolaire.

Cependant, cette pratique soulève des interrogations. La location de ces salles se fait généralement de manière informelle, sans cadre légal clair, ce qui remet en question sa conformité avec la réglementation en vigueur.

En attendant l’entrée en vigueur d’une nouvelle loi sur les églises et les lieux de culte, le phénomène continue de se répandre dans d’autres régions du pays, profitant d’une zone grise légale qui permet à de nombreux établissements de poursuivre cette activité sans crainte de sanctions.

Cette situation suscite des débats animés. Certains dénoncent une confusion entre éducation et religion, affirmant que les écoles doivent rester des espaces laïques dédiés à l’apprentissage. D’autres y voient au contraire une opportunité de générer des revenus supplémentaires pour des établissements fréquemment confrontés à des difficultés financières.

La question demeure : peut-on accepter l’utilisation de salles de classe à des fins religieuses dans un État laïque comme la Côte d’Ivoire ?

Les autorités compétentes sont appelées à se prononcer rapidement pour clarifier la position de l’État sur cette pratique qui, pour l’heure, évolue dans une zone légale incertaine.

Wassimagnon