Le leader du MRC exhorte les candidats de l'opposition à s'unir derrière les « plus expérimentés », suscitant des interrogations sur l'exclusion des jeunes candidats.

Maurice Kamto sort de son silence. Plus d’un mois après ce qu’il qualifie de « barbarie politique et juridique » des 26 juillet et 5 août derniers, Maurice Kamto -qui doit rependre sous peu-, la tête Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) a publié ce mercredi un appel aux onze candidats de l'opposition en vue de l'élection présidentielle du 12 octobre.

« Moment historique de basculement »

Dans sa déclaration diffusée depuis Yaoundé, Maurice Kamto appelle à une union sacrée de l'opposition. « Si les 11 candidats de l'opposition décidaient de se mettre tous derrière l'un d'entre eux, parmi les plus expérimentés politiquement et dans la gestion de l'État, face au candidat du RDPC, il pourrait s'enclencher une dynamique populaire irrésistible qui rendrait la victoire inéluctable », écrit-il.

Kamto ne mâche pas ses mots et utilise une métaphore footballistique pour illustrer sa proposition, « Par le hasard des choses, vous êtes 11, à l'instar d'une équipe de football. Et il y a le penalty de la victoire à tirer. Choisissez parmi vous, ou à tout le moins parmi les plus expérimentés, le tireur qui a les meilleurs chances de marquer le but libérateur. »

Cet appel, suscite déjà des réactions mitigées sur les réseaux sociaux. L'insistance répétée sur les candidats « les plus expérimentés politiquement » interroge plusieurs observateurs politiques.

« Quand Kamto parle des 'plus expérimentés', il crée automatiquement une catégorie de moins expérimenté. N'est-ce pas là une forme de discrimination envers les jeunes candidats qui n'ont jamais exercé de fonctions politiques ou gouvernementales ? », S’interroge un internaute.

Cette critique trouve un écho particulier dans un contexte où plusieurs candidats de la jeune génération briguent la magistrature suprême, portés par un discours de rupture et de renouvellement générationnel.

Focus sur les candidats originaires du Nord

L'appel de Maurice Kamto contient également une dimension géographique qui ne passe pas inaperçue. Le leader du MRC fait un appel particulier à « deux valeureux et dignes fils du Cameroun, candidats originaires de la partie septentrionale du pays », évoquant leur « patriotisme » et leur « sens du devoir ».

S'agit-il d'une considération purement électorale basée sur les équilibres géopolitiques du pays, ou d'une reconnaissance spécifique de l'expérience de ces candidats ?

« L'expérience ne se mesure pas seulement aux années passées dans les cabinets ministériels », fait remarquer l'entourage d'un candidat trentenaire.

Pour Maurice Kamto, le temps presse. « Il ne reste plus beaucoup de temps. Les candidats et leurs équipes respectives peuvent encore tout rattraper en s'activant nuit et jour pour réaliser cet objectif capital pour notre pays », martèle-t-il dans sa déclaration.

Dans un pays où plus de 60% de la population a moins de 25 ans, la priorité donnée à l'expérience politique traditionnelle peut-elle répondre aux aspirations de changement ?

Les prochains jours diront si l'appel de Maurice Kamto trouvera un écho favorable auprès des candidats de l'opposition, ou s'il creusera davantage les divisions au sein d'un camp déjà fragilisé par la multiplication des candidatures.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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