La capitale économique a vécu hier un événement sans précédent depuis 1992. Malgré les interdictions et les obstacles, la vague orange a submergé Bepanda, un quartier populaire de la métropole économique du Cameroun.

Ce qui devait être un meeting de campagne s'est transformé en un phénomène politique inédit. Après avoir enflammé Edea, le député Cabral Libii, président national du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN), a littéralement pris d'assaut Douala ce weekend, provoquant un raz-de-marée humain que personne n'avait anticipé.

Des chiffres qui donnent le vertige

Les estimations varient, mais convergent toutes vers un constat stupéfiant : entre 500 000 et un million de personnes, en majorité des jeunes vêtus d'orange, ont convergé vers Bepanda pour acclamer leur champion.

Là où les organisateurs espéraient 100 000 participants, c'est une marée humaine qui a déferlé, restant debout sous une pluie battante pendant des heures.

Pour de nombreux observateurs politiques, ces images rappellent étrangement celles des meetings légendaires de John Fru Ndi en 1992, une comparaison lourde de sens dans l'histoire politique camerounaise.

Quand la détermination défie les obstacles

Le symbole est puissant : malgré les détours imposés, les interdictions d'organiser sur les sites initialement demandés, et une pluie diluvienne, les populations ont répondu massivement présent. Aucune distribution d'argent, aucun repas offert - juste une foule déterminée, trempée mais vibrante, scandant inlassablement : « CABRAL PRÉSIDENT ! CABRAL PRÉSIDENT ! »

Cette mobilisation spontanée est la preuve d'une dynamique nouvelle dans le paysage politique camerounais. Le PCRN ne mise pas sur les pratiques traditionnelles de clientélisme électoral, mais sur un travail de fond : un projet de société de près de 400 pages, une présence active sur le terrain dans des zones souvent négligées, et un appel constant à l'inscription massive sur les listes électorales, a rappelé Cabral sur le plateau de Dash Tv. 

Face au thème de campagne « Grandeur et espérance » du président sortant Paul Biya, Cabral Libii n'a pas mâché ses mots : « On ne peut pas promettre l'espérance à un peuple qu'on a plongé dans la misère », a-t-il déclaré, provoquant les acclamations de la foule.

Cette formule résume la stratégie du candidat du PCRN : incarner l'alternative face à un système que beaucoup de Camerounais, particulièrement les jeunes, jugent à bout de souffle.

Reconnaissance 

Signe de l'importance de l'événement, même l'opposante Kah Walla a tenu à féliciter le PCRN pour avoir réussi à tenir son meeting de lancement malgré « toutes les entraves de l'administration ».

À une dizaine de jours du scrutin présidentiel du 12 octobre prochain, la vague orange a démontré qu'elle n'était pas un simple slogan. La capitale économique du Cameroun a vibré hier aux couleurs d'un candidat qui parie sur la détermination d'un peuple plutôt que sur son portefeuille.

Reste à savoir si cette mobilisation impressionnante se traduira dans les urnes. Mais une chose est certaine : Cabral Libii a réussi son pari et fait une entrée tonitruante dans cette campagne présidentielle. La région du Littoral, bastion traditionnel de l’opposition, pourrait bien réserver des surprises le 12 octobre.

Les équipes de campagne du PCRN se préparent désormais aux prochaines étapes de cette course à la présidentielle, fortes de cette démonstration de force populaire à Douala.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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