Cameroun : Marc Brys ravive les tensions avec la Fecafoot, un sélectionneur sous le feu des critiques
Marc Brys
Le différend entre le technicien belge et la fédération camerounaise atteint un nouveau sommet à l'approche du match décisif contre la RDC. Son attitude soulève désormais de sérieuses interrogations.
La sélection camerounaise pour affronter la République démocratique du Congo le 13 novembre n'a été révélée que quatre jours avant la rencontre. Ce retard inhabituel témoigne d'un nouveau chapitre dans les relations houleuses entre Marc Brys et la Fecafoot.
Le sélectionneur assure avoir transmis ses choix dès le 23 octobre. Interrogé par RFI, il précisait qu'il divulguerait publiquement sa liste à son arrivée à Rabat, dimanche 9 novembre.
Deux versions irréconciliables
La version de la fédération diverge totalement. Son porte-parole explique avoir sollicité la présence physique du technicien à Yaoundé pour une conférence de presse programmée les 6 ou 7 novembre. La réponse du Belge ? Une proposition de visioconférence depuis l'Europe.
Pour la Fecafoot, cette alternative représente un affront aux supporters camerounais, une forme de dédain envers le public local qui mérite davantage de considération.
Publication détournée sur les réseaux
Dimanche, la fédération a contourné le problème en publiant sur Facebook des clichés de l'arrivée des joueurs à Rabat. Les commentaires accompagnant ces images ont permis d'identifier les 28 footballeurs retenus, entre ceux déjà sur place et ceux attendus lundi.
Les choix sportifs ne bouleversent pas l'effectif habituel. Les milieux Jean Onana et Yvan Neyou effectuent leur retour, accompagnés des défenseurs Enzo Boyomo et Darlin Yongwa. L'attaquant Karl Etta Eyong figure également dans le groupe. Christopher Wooh reste exclu de la sélection.
Les cadres sont tous présents : André Onana, Franck Zambo Anguissa, Vincent Aboubakar (fraîchement engagé en Azerbaïdjan), Bryan Mbeumo, Carlos Baleba et Eric Maxim Choupo Moting. Contrairement aux spéculations, Christian Kofane (Bayer Leverkusen) ne fait pas partie des convoqués.
Parmi les absents notables : Samuel Kotto, Junior Tchamadeu et Brice Ambina quittent le groupe. Enzo Boyomo revient après avoir été écarté le mois précédent suite à une prestation décevante face au Cap-Vert. Wilitty Younoussa complète les retours.
Rappels contractuels
La Fecafoot a profité de cette crise pour souligner que le contrat du sélectionneur l'oblige à résider au Cameroun, et non en Grèce où il passe l'essentiel de son temps.
Cette énième friction survient au moment le plus inopportun. Le choc face aux Léopards congolais du 13 novembre représente bien plus qu'un simple match amical. Il s'agit de la première manche d'un tournoi éliminatoire dont dépend l'accès au Mondial 2026.
Une victoire jeudi ouvrirait la porte à une confrontation avec le vainqueur de Nigeria-Gabon. Le pays qui dominera ce mini-championnat disputera en mars 2026 un barrage intercontinental, ultime opportunité de s'envoler vers les États-Unis. L'enjeu est colossal : une potentielle neuvième participation du Cameroun à une phase finale de la coupe du monde de football.
La relation Brys-Fecafoot s'inscrit dans une détérioration continue. Imposé par le ministère des Sports malgré l'opposition de Samuel Eto'o et de la fédération, le Belge accumule les frictions avec l'institution. Juillet dernier avait déjà vu le technicien brandir la menace d'une démission en raison de salaires impayés.
Une attitude, des interrogations
L'absence prolongée du sélectionneur soulève aujourd'hui des questions plus préoccupantes. Annoncé dimanche au Maroc, il n'a toujours pas rejoint son équipe, laissant les joueurs dans l'expectative et la fédération dans l'incertitude.
Cette situation amène à s'interroger : Marc Brys aurait-il adopté la même posture s'il avait été nommé à la tête de la Belgique, son pays natal ? Aurait-il décliné une conférence de presse et retardé son arrivée à moins d'une semaine d'une échéance capitale ? La réponse semble évidente.
Depuis plusieurs semaines, les indices d'un désengagement progressif s'accumulent : affrontements avec la fédération, communication désordonnée, manque d'autorité sportive. Ces éléments ne ressemblent plus à de simples dysfonctionnements, mais suggèrent une stratégie délibérée.
Le véritable péril pour les Lions Indomptables pourrait ne pas venir du banc adverse, mais de leur propre camp. Quand un sélectionneur multiplie les décisions inexplicables et semble fragiliser son groupe avant une rencontre déterminante, le hasard ne peut plus être invoqué.
Tout laisse penser qu'un plan se dessine progressivement : celui d'un Cameroun éliminé dans le chaos et la désorganisation. Lorsque viendra le moment du bilan, il sera difficile de prétendre que les signes n'étaient pas visibles.
Marc Brys ne semble pas improviser, mais orchestrer une sortie qui risque d'entraîner tout un pays dans sa trajectoire descendante. La question n'est plus de savoir si la rupture aura lieu, mais à quel prix pour le football camerounais.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com
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