Cameroun : Hold-up électoral, Issa Tchiroma appelle à la résistance pacifique et non-violente
Issa Tchiroma Bakary a publié ce lundi 17 novembre une « Lettre à la Nation », dans laquelle il appelle à une résistance pacifique face à ce qu'il qualifie de « militarisation des institutions ».
Tchiroma Bakary inscrit sa démarche dans la continuité des grandes luttes démocratiques camerounaises. Il évoque successivement 1955, lorsque l'UPC fut interdite malgré sa victoire électorale et ses leaders traqués ; 1990, année des manifestations massives pour le multipartisme réprimées dans le sang ; 1992, premier « hold-up démocratique » de l'ère pluraliste avec la contestation des résultats face à John Fru Ndi ; et 2018, quand Maurice Kamto a payé le prix de sa confrontation avec l'appareil d'État.
Pour chaque période, le candidat contestataire décrit un schéma récurrent : contestation des résultats, intimidation des opposants, manipulation des institutions et maintien du statu quo. Mais il affirme que 2025 représente un tournant irréversible : « L'histoire n'est plus un cycle. Elle est une ligne qui avance. »
Accusations contre le régime
Le document dresse un tableau sombre de la situation post-électorale actuelle. Tchiroma Bakary accuse le pouvoir d'avoir militarisé les institutions, notamment le Conseil constitutionnel, et d'avoir remplacé « la parole du peuple par un faux serment ». Il évoque des détentions arbitraires de jeunes sans procès, des mères cherchant leurs fils dans les morgues, et des interrogatoires menés dans des centres non officiels.
Rendant hommage aux pionniers de l'indépendance (Ruben Um Nyobè, Félix-Roland Moumié, Ernest Ouandié), il estime que le peuple camerounais a « réveillé ce rêve » en allant voter le 12 octobre dernier, avant de voir les urnes « foulées au pied ».
Appel à la résistance pacifique
Malgré la gravité des accusations, la lettre insiste sur une ligne de conduite claire : « calme, discipline, non-violence ». « Je vous demande de résister, oui. Mais de résister avec grandeur. Ne tombez pas dans le piège de la violence. C'est leur terrain, leur langage, leur passé. Le nôtre est celui de la justice, de la lumière, du courage pacifique », écrit-il.
L’opposant exhorte les Camerounais, de la diaspora aux villages, à rester unis dans les quartiers, les familles, les églises et les mosquées, affirmant que "le pouvoir est entre vos mains".
Communauté internationale
Tchiroma Bakary s'adresse également à la scène internationale, précisant qu'il ne demande pas « l'ingérence », mais fait appel à la « conscience » des nations pour qu'elles respectent le vote du peuple camerounais. Le texte se conclut sur une note d'inéluctabilité : « Ils pensent que l'histoire se plie à la force. Mais l'histoire ne cède pas. Elle avance. Et elle porte désormais un nom : peuple camerounais. »
Le document a été diffusé par Maître Alice Nkom, figure respectée de la défense des droits humains au Cameroun et à l'international. Le Cameroun traverse une crise post-électorale sans précédent depuis la proclamation de la victoire de Paul Biya avec 53,66% des suffrages par le Conseil constitutionnel.
Reste à savoir si cet appel à la mobilisation pacifique trouvera un écho suffisant dans un pays où les tensions demeurent vives et où les tentatives précédentes de contestation se sont heurtées à la détermination du pouvoir à maintenir l'ordre établi par la force armée.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com
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