Côte d'Ivoire : À Cocody, Katinan redéfinit la ligne de bataille du PPA-CI et interpelle le régime
Katinan ce jeudi au siège du PPA-CI à Cocody (Ph Koaci)
Le Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) a consacré le 40ᵉ numéro de sa tribune, animée ce jeudi 4 décembre 2025 au siège du parti à Cocody par le vice-président Justin Koné Katinan, à une nouvelle initiative : l’ILPO, l’Initiative pour la Libération des Prisonniers d’Opinion, portée par le président Laurent Gbagbo.
Présentée comme un geste de solidarité mais aussi comme un acte éminemment politique, cette initiative veut répondre à la situation des nombreux détenus que le parti considère comme des prisonniers d’opinion, arrêtés et incarcérés à travers le pays à la suite des événements pré-électoraux et post-électoraux de 2025.
Justin Koné Katinan a rappelé que la commission ILPO, créée par décision du président du parti, repose sur quatre grands axes : la protection coordonnée et durable des prisonniers d’opinion, la mise en place d’un instrument d’alerte et de plaidoyer, le rôle de passerelle entre familles, avocats, organisations de défense des droits de l’homme, médias et institutions internationales, ainsi qu’un accompagnement global allant de l’arrestation jusqu’à la réinsertion sociale après la libération. Pour le PPA-CI, il s’agit d’une solidarité sans exclusive politique, centrée sur le bien-être physique et mental des détenus et sur le soutien à leurs familles, confrontées à la lourde charge des loyers, de la scolarité des enfants, des soins de santé, de la prise en charge carcérale et des frais de justice.
Le responsable politique a salué, au nom de la direction du parti, le témoignage jugé particulièrement émouvant de l’épouse du ministre Dosso Rodel, intervenue lors du lancement de l’initiative pour porter la voix des familles. Il a également souligné le rôle désormais confié aux « messagères du Président Laurent Gbagbo », ces militantes mobilisées lors de l’élection présidentielle et aujourd’hui réorientées vers la cause des prisonniers d’opinion. La coordination de l’ILPO est placée sous la responsabilité de l’ambassadeur Emmanuel Ackah, directeur de cabinet du président Gbagbo, signe, selon Justin Koné Katinan, de l’importance accordée à ce dossier au sommet du parti.
Sur le terrain des chiffres, le PPA-CI dresse un bilan lourd de la crise pré-électorale. Selon le secrétaire général adjoint en charge des prisonniers politiques, Patrice Kouté, 114 prisonniers politiques seraient détenus entre 2011 et octobre 2025. Concernant la mobilisation contre le 4ᵉ mandat et la marche du 11 octobre 2025, le parti dit avoir recensé 756 interpellés parmi ses militants et sympathisants, tandis que les organisations de défense des droits de l’homme évoqueraient plus de 1 000 interpellations. Le Conseil national de sécurité, dans un communiqué du 13 novembre 2025, aurait lui-même fait état de plus de 1 600 arrestations. Le PPA-CI parle d’au moins 17 décès liés aux événements, un chiffre supérieur au bilan officiel de 11 morts, et affirme être disposé à harmoniser les données avec le gouvernement pour établir la réalité définitive.
Le parti détaille également de nombreux cas de blessés, les personnes dont le lieu de détention reste inconnu, ainsi que la répartition des détenus dans différentes prisons du pays, avec une majorité incarcérée au pôle pénitentiaire d’Abidjan (ex-MACA). La situation des femmes détenues est décrite comme particulièrement préoccupante : parmi les 39 femmes écrouées, 18 auraient été condamnées à 36 mois de prison ferme, dont deux enceintes, l’une nécessitant, selon le parti, des examens médicaux urgents.
Les données communiquées par le pool d’avocats du PPA-CI, sur la base des audiences tenues dans plusieurs tribunaux de première instance (Abidjan, Gagnoa, Oumé, Dabou), font apparaître un nombre élevé de condamnations fermes et très peu de sursis. Le parti souligne que la quasi-totalité des prévenus auraient reçu le maximum de la peine prévue pour troubles à l’ordre public (36 mois), sans circonstances atténuantes. Justin Koné Katinan s’interroge, dans ce contexte, sur les conditions dans lesquelles des opérations de simple maintien d’ordre ont pu aboutir à des pertes en vies humaines, et appelle à des enquêtes « justes et claires » pour faire la lumière sur ces décès.
Au-delà de la seule solidarité, le PPA-CI inscrit l’ILPO dans une perspective plus large de défense des libertés publiques, que le parti considère aujourd’hui comme gravement menacées. Pour Laurent Gbagbo et sa formation, le droit de manifestation pacifique fait partie des libertés fondamentales qui doivent être protégées. L’ampleur des interpellations et la sévérité des peines sont analysées comme le signe d’un durcissement du climat politique, dans un contexte international où, selon Justin Koné Katinan, les considérations géostratégiques prennent désormais le pas sur la défense des droits de l’homme. Le PPA-CI appelle donc à une mobilisation endogène, venant d’abord des citoyens vivant en Côte d’Ivoire, pour préserver les libertés.
L’initiative pour la libération des prisonniers d’opinion est aussi présentée comme un instrument de promotion du respect des lois, notamment de la Constitution. Justin Koné Katinan a insisté sur la responsabilité particulière des forces de l’ordre, des magistrats et du chef de l’État vis-à-vis de la loi qui leur confère des pouvoirs exceptionnels sur les autres citoyens. Revenant sur l’histoire politique du pays, il a rappelé que la limitation des mandats présidentiels à deux est, selon le PPA-CI, une « constante constitutionnelle » depuis l’an 2000 et qu’y déroger reviendrait à fragiliser les fondements de la nation. La position de Laurent Gbagbo sur le respect de la Constitution est présentée non comme une affaire personnelle avec l’actuel chef de l’État, mais comme la continuité de son combat entamé sous le parti unique pour le multipartisme et l’État de droit.
Enfin, l’ILPO est directement reliée à la contestation du 4ᵉ mandat du président en exercice. Pour Justin Koné Katinan, il n’y a pas de contradiction à poursuivre ce combat après l’élection, puisque le mandat se déroule précisément après le scrutin. La seule arme revendiquée par le PPA-CI reste la mobilisation populaire pacifique et constante. Les personnes aujourd’hui détenues l’ayant été, selon le parti, dans le cadre de cette mobilisation, se battre pour leur libération revient, aux yeux de la direction, à maintenir vivant le refus du 4ᵉ mandat.
En conclusion, Justin Koné Katinan a présenté l’ILPO comme une initiative qui dépasse le seul cadre partisan pour devenir « l’affaire de tous », dès lors qu’elle touche à la sauvegarde de la République, de l’État de droit et à la consolidation de la nation. Le PPA-CI interpelle particulièrement les organisations de défense des droits de l’homme, dont il juge le silence « incompréhensible » au regard de leurs prises de position dans les années 2000 sur la Côte d’Ivoire. Le parti, à travers la voix de Laurent Gbagbo et de Justin Koné Katinan, invite l’ensemble des acteurs politiques, de la société civile et des citoyens à se joindre à cette mobilisation pour la libération des prisonniers d’opinion et la défense des libertés publiques.
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