Côte d'Ivoire : Lutte contre les VBG, les médias outillés pour mieux combattre les violences sexistes en ligne
À l’occasion de la campagne internationale « 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (VBG) », ouverte le 25 novembre et qui s’achèvera le 10 décembre 2025, une formation dédiée aux professionnels des médias ivoiriens s’est tenue le jeudi 4 décembre à Abidjan-Cocody.
Organisé par ONU Femmes, en partenariat avec le Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN), cet atelier avait pour ambition de renforcer les compétences des journalistes en matière d’analyse et de traitement des violences numériques liées au genre, un phénomène en forte progression dans le pays.
Animée par Cheick Diallo, analyste programme au bureau pays d’ONU Femmes, la session a réuni une trentaine de journalistes. Les participants ont été sensibilisés aux formes spécifiques de violences numériques — notamment le harcèlement, les menaces, le chantage, l’usurpation d’identité ou la diffusion non consensuelle de contenus sensibles — ainsi qu’à leurs conséquences souvent graves pour les victimes.
En 2024, la Côte d’Ivoire a enregistré 12 100 plaintes liées à l’incivisme et à la cybercriminalité, dont 2 822 cas portant directement atteinte à la dignité humaine (violations de la vie privée, atteintes à l’image, usurpations d’identité…).
Un jeune sur quatre, âgé de 15 à 25 ans, déclare avoir déjà subi du harcèlement en ligne.
L’impact économique de ces violences est estimé à 6,9 milliards de FCFA, illustrant l’ampleur du phénomène.
Les participants ont mis en évidence plusieurs défis majeurs :
– un faible niveau de culture numérique au sein de la population ;
– des mécanismes juridiques encore insuffisamment connus ou accessibles ;
– une réticence persistante à porter plainte ;
– des procédures judiciaires complexes ou trop lentes.
Ces violences, souvent répétées et difficiles à effacer une fois diffusées en ligne, provoquent des traumatismes psychologiques durables. Les jeunes femmes et adolescentes en sont, de loin, les principales victimes.
L’atelier visait également à améliorer la manière dont les médias abordent les questions sensibles liées aux VBG. Les professionnels ont été formés aux bonnes pratiques rédactionnelles :
– éviter les récits sensationnalistes ou les détails pouvant exposer les survivantes ;
– contextualiser les faits pour mieux expliquer les mécanismes de violences ;
– intégrer des messages de prévention et d’éducation numérique ;
– orienter systématiquement les victimes vers les services d’aide existants, dont la ligne sociale 1308.
Les médias se sont engagés à consacrer davantage d’espace éditorial à la sécurité numérique, à l’identification des violences en ligne et aux moyens de s’en protéger.
La représentante pays d’ONU Femmes, Adjaratou Fatim N’Diaye, a rappelé avec force :
« La violence numérique est une vraie violence. En ligne ou hors ligne, elle détruit des vies et a un impact sur l’économie. Les médias doivent apporter leur part pour changer et améliorer les choses. »
En 2024, la Côte d’Ivoire a recensé 9 607 cas de VBG, dont 920 viols, 287 agressions sexuelles, 2 030 agressions physiques, 153 mariages forcés, 4 394 dénis de ressources et 1 798 violences psychologiques.
Ces chiffres témoignent d’une situation toujours préoccupante, où les violences numériques s’inscrivent comme une extension directe des violences traditionnelles.
Cet atelier a ainsi rappelé le rôle central des médias dans la transformation des normes sociales et la défense des droits fondamentaux, à l’heure où le numérique occupe une place croissante dans la vie quotidienne.
Wassimagnon
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