Le maire de Bangangté (Ouest), Eric Niat 52 ans, a célébré ce samedi 6 décembre son mariage civil à la mairie de Saint-Denis, en région parisienne. Ce choix a déclenché une vague de critiques virulentes sur les réseaux sociaux, où de nombreux Camerounais y voient un symbole d'un manque d'attachement aux institutions locales.

Fils du président du Sénat Marcel Niat Njifendji et président de la zone 4 de FIBA Afrique, Eric Niat a tenu à expliquer sa décision. L'élu affirme que ce choix répond à une logique personnelle et symbolique : son épouse, est de nationalité française et la majorité de sa famille réside en région parisienne. De plus, Saint-Denis et Bangangté sont jumelées depuis plusieurs années, renforçant le lien entre les deux communes.

Dans une déclaration publiée sur les réseaux sociaux, Eric Niat a écrit : « J'ai le plaisir de vous annoncer mon union civile, célébrée ce samedi à Saint-Denis. Le choix de la ville de Saint-Denis pour la cérémonie civile répond à une logique à la fois personnelle et symbolique. »

Il a également précisé : « Avec le Maire de Saint-Denis, Mathieu Hanotin, et le conseiller municipal Blaise Ddjinkeu, nous avons mis en place un jumelage entre Saint-Denis et la commune de Bangangté depuis plusieurs années. Mon épouse, de nationalité française, ayant en région parisienne l'essentiel de sa famille et de ses proches, il était donc naturel que l'acte civil soit célébré dans cette commune partenaire. »

L'élu a promis que « la grande célébration religieuse aura quant à elle lieu à Bangangté, auprès de la population qui m'est chère ».

Indignation

Malgré ces explications, les internautes camerounais se sont montrés particulièrement critiques. Un internaute a écrit : « honte à Eric Niat, un raté !!! Éric Niat, maire de la commune de Bangangté, a choisi la France pour aller se marier hier. Il est maire à Banganté, mais quand il s'agit de célébrer sa propre union, il prend l'avion pour aller dire oui chez le colon. Sur la photo on aperçoit au premier rang Kechanké, le TPG de l'ambassade à Paris, l'homme qui blanchit l'argent de Chantal Biya depuis 30 ans ! Faut chasser ce type de la mairie de Banganté lors de la prochaine élection. »

Un autre a renchéri : « C'est terrible dans ce pays un maire qui laisse son pays pour se marier en France. Une chose impossible sous Ahidjo. »

Les accusations de « haute trahison » ont également fusé. Un autre internaute a écrit : « Haute trahison. Éric Niat, maire de Bangangté, se marie en France. Eric Niat, de nationalité française, maire de Bangangté, fils du successeur constitutionnel et Président du Sénat NIAT, est allé se marier en France. Bref, un maire qui abandonne sa mairie et toutes les autres mairies du Cameroun pour aller se faire établir un acte de mariage en France. Le ministre chargé des collectivités territoriales et de la décentralisation doit se saisir de ce dossier. Ces créatures de Biya, véritables relais des colons dans ce pays doivent cesser de l'humilier. »

Le lanceur d'alerte camerounais N'zui Manto a également exprimé son mécontentement : « Le maire de mon village Bangangté, Éric Niat, laisse sa propre mairie, la mairie de Bangangté, et s'en va se marier en France ! Son père Niat Marcel, le président du Sénat qui n'est plus capable de marquer deux pas, n'a pas pu se déplacer. »

Absence remarquée du président du sénat

Un autre élément a alimenté les discussions : l'absence de Marcel Niat Njifendji, père du marié et président du Sénat camerounais, à la cérémonie. Selon plusieurs sources, le haut dignitaire n'aurait pas été aperçu en public depuis plusieurs mois, ce qui soulève des interrogations sur son état de santé.

Cette polémique révèle un malaise plus profond au sein de la société camerounaise concernant le rapport des élites politiques avec les institutions nationales. Pour de nombreux citoyens, le choix d'Eric Niat symbolise une préférence pour les structures occidentales au détriment des institutions camerounaises, ravivant les débats sur la double nationalité des responsables publics et leur attachement réel au pays qu'ils administrent.

Figure importante du basketball camerounais et africain en tant que président de la zone 4 de FIBA Afrique, Eric Niat devra désormais gérer les retombées de cette controverse auprès de ses administrés de Bangangté, même s'il promet une grande célébration religieuse dans sa commune pour marquer son union.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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