Cameroun : Paul Atanga Nji s'en prend aux avocats qui critiquent le gouvernement
Au Cameroun, alors que le contexte postélectoral est encore marqué par les tensions et les interrogations sur la transparence du scrutin présidentiel d'octobre, le ministre de l'Administration territoriale (Minat), Paul Atanga Nji, a lancé une charge sans précédent contre les avocats. Lors d'une conférence de presse organisée ce lundi, présentée comme une mise en garde au Barreau, le Minat a proféré des menaces à peine voilées contre les professionnels du droit qui osent critiquer l'action gouvernementale.
Sous couvert de « rétablir la vérité » sur les chiffres des morts et des détenus de la crise postélectorale, le ministre s'est arrogé le droit de produire un rapport en qualifiant les manifestants d'« assaillants ».
Restrictions
Selon Atanga Nji, seul le président de la République aurait le droit de juger l'action du gouvernement, excluant de fait tout contrôle citoyen ou professionnel sur la gestion des affaires publiques.
« Au Cameroun, la seule agence de notation du travail des membres du gouvernement c'est Paul Biya et non les avocats. La place des avocats c'est dans les tribunaux », a-t-il déclaré face au bâtonnier de l'ordre des avocats du Cameroun.
Menaces
Le ministre n'en est pas resté aux simples injonctions. « La place de l'avocat, c'est dans les tribunaux et non sur les plateaux de télévision et de radio où tout est dit sans le moindre contrôle », a-t-il affirmé, avant d'annoncer des mesures concrètes : « Nous avons pris la décision de rassembler et de comptabiliser tous les propos irresponsables des avocats sur les plateaux de télé, et le moment venu, les autorités judiciaires seront saisies… »
Alice Nkom particulièrement visée
Le Minat a réservé un traitement spécial à Maître Alice Nkom, figure emblématique de la défense des droits humains au Cameroun et porte-parole de l’opposant Issa Tchiroma qui continue de revendiquer la victoire à l’élection présidentielle d’octobre 2025. « Elle affiche le comportement d'une dame hors-la-loi en posant des actes irresponsables qui visent à défier l'autorité de l'État », a-t-il accusé, dénonçant notamment « des communiqués qu'elle publie depuis un certain temps avec les armoiries de l'État, sans mandat ni autorisation des autorités compétentes, prétextant jouer le rôle de porte-parole de je ne sais qui… »
Réaction du Bâtonnier
En réponse à ces intimidations, le Bâtonnier Eric Mbah a choisi de dire la vérité au pouvoir. Contestant publiquement les chiffres avancés par Paul Atanga Nji sur les morts et les arrestations postélectorales, il a dénoncé des affirmations infondées et rappelé le cas emblématique de Simo Fokam Achille, abattu à bout portant par un militaire alors qu'il n'était impliqué dans aucune manifestation. À ce jour, sa famille reste sans nouvelles de sa dépouille, les autorités militaires et hospitalières affirmant attendre des instructions « venues d'en haut ».
Les déclarations de Paul Atanga Nji, laissent entrevoir un fond de menace verbale inquiétant.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com
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