Côte d'Ivoire : Législatives 2025 au Plateau, la stratégie de la plainte permanente de Jacques Ehouo de plus en plus décriée
Commune emblématique et centre névralgique des affaires en Côte d’Ivoire, le Plateau semble prisonnier d’un scénario électoral qui se répète à chaque scrutin. À chaque échéance, le député-maire Jacques Ehouo se présente en victime d’un système qu’il accuse de fraudes et de manœuvres, tout en ressortant, paradoxalement, vainqueur des urnes. Une posture qui interroge de plus en plus l’opinion publique et les observateurs de la vie politique locale.
Lors des élections législatives de 2016, malgré le soutien affiché du RHDP à son adversaire, Doh Isaac, Jacques Ehouo avait réussi à conserver son siège. Déjà à l’époque, des accusations de fraude avaient été formulées, sans toutefois empêcher sa victoire. Deux ans plus tard, lors des municipales de 2018 face à Fabrice Sawegnon, le même discours a refait surface. Le député-maire dénonçait alors une élection biaisée, allant jusqu’à impliquer l’entourage familial de son adversaire. Là encore, l’issue du scrutin lui fut favorable.
En 2021, à l’occasion des législatives, la stratégie s’est répétée. Avant même la proclamation officielle des résultats, Jacques Ehouo évoquait une fraude annoncée, tandis que son principal rival, Ouattara Dramane (OD), reconnaissait sa défaite avant la fin de la compilation des voix. Une attitude qui avait suscité incompréhension et critiques, y compris au sein de l’électorat du Plateau.
L’année 2023 n’a pas dérogé à cette constance. Dès le lancement de la campagne municipale, face à la mobilisation des partisans d’OD, le député-maire sortant a de nouveau brandi l’argument de la victimisation, accusant notamment Fabrice Sawegnon. Après un nouveau scrutin très disputé, ses dénonciations ont toutefois semblé moins audibles, comme si le discours avait perdu de son impact auprès des électeurs.
Pour de nombreux observateurs, cette répétition pose question. Comment expliquer que les mêmes accusations reviennent à chaque élection contre les mêmes adversaires, alors que le principal intéressé sort toujours vainqueur ? À force de crier à la fraude, certains s’interrogent désormais sur la crédibilité de cette posture et sur la responsabilité réelle de celui qui accuse systématiquement les autres.
Dans le même temps, la candidature de Ouattara Dramane continue de susciter un intérêt croissant. Lors d’un meeting organisé à quelques centaines de mètres de celui de Jacques Ehouo, OD a souligné le soutien financier et humain dont il bénéficie, nettement plus important que lors des précédentes échéances. Deux explications sont avancées : la volonté d’une partie des électeurs de voir émerger une nouvelle gouvernance locale, et la fidélité de soutiens qui saluent chez lui une approche plus respectueuse et généreuse de la politique.
Du côté de Jacques Ehouo, les soutiens ont évolué au fil des années. En 2018, il avait bénéficié de l’appui de jeunes cadres du PDCI, développant même le concept de « prisonnier en sursis » pour se présenter comme un martyr politique. En 2021, certains de ces alliés ont pris leurs distances, tandis que d’autres sont restés fidèles. En 2023, un meeting organisé avec Simone Ehivet Gbagbo a marqué les esprits, même si aucun soutien visible de cette dernière n’a été constaté lors des présidentielles suivantes.
Au Plateau, le débat dépasse désormais les clivages partisans. Pour une frange de l’opinion, la « politique autrement » ne saurait se résumer à un slogan. Elle doit s’incarner dans des pratiques fondées sur des valeurs morales, le respect des électeurs et une gouvernance locale transparente, loin des postures de victimisation répétées.
À l’approche des prochaines échéances, une question demeure : les électeurs du Plateau continueront-ils de se laisser convaincre par un discours devenu familier, ou choisiront-ils d’ouvrir une nouvelle page de leur histoire politique ?
Wassimagnon
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