À sept mois de l’élection présidentielle, le Cameroun est en proie à des tensions croissantes. Discours de haine, violences tribales et divisions au sein de l’opposition menacent la stabilité du pays. Alors que les candidats se déclarent en ordre dispersé, les manifestations et affrontements se multiplient, révélant une société fracturée. Sur les réseaux sociaux, le tribalisme atteint son paroxysme.

Violences tribales et discours de haine

La scène politique camerounaise est en ébullition. À l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2025, les tensions montent. Des attaques verbales et physiques, souvent teintées de tribalisme, se multiplient. Les réseaux sociaux et les médias sont inondés de discours incendiaires.

Récemment, Elimbi Lobe, un leader politique de l'opposition a qualifié Ernest Ouandié, -présenté comme un héros nationaliste de l’UPC-, de « bandit ». Cette déclaration a provoqué une vague de condamnations. Les militants de l’UPC menacent de poursuivre l’auteur en justice. D’autres y voient une preuve de tribalisme et de haine.

Ces divisions ne se limitent pas aux mots. À Meyo-centre, dans la région du Sud, un affrontement entre ressortissants du Sud et ceux du Nord-Ouest et de l’Ouest a fait deux morts. Les autorités ont dû intervenir pour rétablir l’ordre.

Climat politique explosif

Les manifestations et violences ne se cantonnent pas aux rivalités tribales. À la SOSUCAM, une usine sucrière, des affrontements ont causé un mort et la destruction de 150 hectares de plantations. À Guidiguis et Taïbong, des tensions liées à la création du parc de Ma Mbed Mbed ont également dégénéré.

Ces incidents montrent à quel point la paix est fragile. Chaque déclaration, chaque action peut enflammer les esprits. Les acteurs politiques appellent à la responsabilité et à la retenue. Mais dans un climat aussi tendu, les risques d’implosion sont réels.

L’opposition camerounaise en ordre dispersé

Pendant ce temps, l’opposition peine à s’unir face au géant Rdpc. Plusieurs candidats ont déjà annoncé leur intention de se présenter à la présidentielle. Maurice Kamto (MRC), Cabral Libii (PCRN), Akere Muna (Parti Univers) et Tomaïno Ndam Njoya (UDC) font partie des figures les plus connues.

En décembre 2023, une coalition, l’Alliance politique pour le changement (APC), avait été créée pour soutenir Maurice Kamto. Une autre alliance, l’Alliance pour la transition politique, avait également vu le jour. Mais ces initiatives ont rapidement perdu de leur élan. Certains membres ont fait défection, et d’autres ont annoncé leur propre candidature.

Le SDF annoncera son candidat ce samedi, sans surprise Joshua Osih devrait être le candidat du parti crée par John Fru Ndi.

Une candidature unique encore possible ?

Malgré ces divisions, l’idée d’une candidature unique de l’opposition n’est pas totalement abandonnée. Selon certaines sources, les leaders de l’opposition pourraient attendre la validation des candidatures par Elecam, l’organe en charge des élections, avant de se rassembler derrière le candidat jugé le plus à même de battre le pouvoir en place.

Cependant, le ministère de l’Administration territoriale (Minat) s’est opposé à la création de ces coalitions, compliquant encore les choses. Dans un contexte aussi incertain, l’unité de l’opposition semble plus que jamais compromise.

À quelques mois de la présidentielle, le Cameroun est à un tournant. Les tensions tribales, les violences et les divisions politiques menacent de plonger le pays dans le chaos. Les acteurs politiques, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition, doivent faire preuve de responsabilité. Sans cela, le risque d’une explosion sociale et politique est grand. Le Cameroun a besoin de dialogue, d’unité et de paix. Mais à l’heure actuelle, ces valeurs semblent bien loin.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com