Cameroun : Paul Atanga Nji met fin au règne des « gros bras »
Dans une lettre qu’il vient de publier, le ministre de l'Administration territoriale (Minat), Paul Atanga Nji, frappe du poing sur la table face à un phénomène qui gangrène l'exécution des décisions de justice : l'intervention de groupes d'individus communément appelés « gros bras ».
Pratique illégale et courante
Le phénomène est désormais bien connu dans les grandes villes camerounaises. Des groupes d'hommes musclés, sans mandat légal, sont régulièrement déployés lors de procédures de recouvrement forcé de créances, d'expulsions ou de déguerpissements. Opérant en marge de la légalité, ces milices privées se substituent illégalement aux forces de l'ordre légitimes.
Dans sa correspondance adressée aux gouverneurs de région, le ministre dénonce sans ambiguïté cette pratique : « Des groupes d'individus qualifiés de 'gros bras' sont très souvent utilisés dans des procédures de recouvrement forcé des créances, des expulsions et des déguerpissements, en lieu et place des forces de maintien de l'ordre légalement habilitées. »
Violence et désordre public
Ce que révèle la lettre ministérielle est particulièrement préoccupant : ces groupes informels ne se contentent pas d'intimider par leur présence. Ils sont souvent impliqués dans des actes de violence caractérisée, perturbant gravement l'ordre public, particulièrement lors de litiges fonciers.
« Ces 'gros bras', agissant parfois sous la forme de milices à la solde de particuliers, sont de plus en plus visibles sur les sites des litiges fonciers », précise Paul Atanga Nji. « Ces derniers sillonnent la plupart du temps par des agissements portant gravement atteinte à l'ordre public, caractérisés par des voies de fait, elles-mêmes consécutives aux violences et brutalités de toutes sortes. »
Cadre légal
Face à cette dérive, le ministre rappelle avec fermeté le cadre légal encadrant l'exécution des décisions de justice. Il invoque notamment la loi n° 2023/011 du 25 juillet 2023 qui régit les garanties et le recouvrement des créances par les entités publiques bénéficiaires du privilège du Trésor.
Cette législation prévoit une procédure claire : les porteurs de contrainte et les huissiers de justice peuvent requérir le concours des forces de maintien de l'ordre, mais uniquement après avoir obtenu l'accord préalable des autorités administratives compétentes.
La circulaire ministérielle marque clairement une volonté de mettre un terme à cette pratique parallèle qui mine l'autorité de l'État et porte atteinte à la sécurité des citoyens. Les gouverneurs de région sont désormais directement responsabilisés pour faire respecter strictement ces dispositions dans leurs circonscriptions respectives.
Alors que le phénomène des « gros bras » s'était progressivement institutionnalisé ces dernières années, cette interdiction formelle pourrait marquer un tournant dans les pratiques de recouvrement de créances et d'exécution des décisions de justice au Cameroun.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-oucameroun@koaci.com
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