Ce samedi, les Ivoiriens sont appelés aux urnes pour élire le président de la République, qui dirigera le pays pour les cinq prochaines années. Mais dans la capitale économique, Abidjan, l’ambiance habituelle des week-ends a laissé place à un calme inhabituel, presque pesant.

Habituellement grouillante de vie, la métropole ivoirienne semble s’être figée ce matin. Sur le boulevard Félix Houphouët-Boigny (ex-VGE), généralement saturé de véhicules et de klaxons, règne un silence surprenant. Les rares voitures qui circulent le font sans difficulté, dans une atmosphère que beaucoup qualifient d’étrange.

À la gare de Bassam, le décor est tout aussi saisissant. Les commerces, d’ordinaire bruyants et animés, ont baissé leurs rideaux. Les transporteurs tournent au ralenti.

« On préfère rester prudents aujourd’hui. On ne sait jamais ce qui peut arriver », confie un chauffeur de taxi, l’air méfiant.

Le même constat s’impose à Yopougon, Songon ou encore Treichville : rues désertes, marchés silencieux, habitants prudents. Certains se sont rendus très tôt dans leurs bureaux de vote avant de regagner rapidement leurs domiciles, tandis que d’autres ont choisi de ne pas sortir du tout.

Derrière ce calme apparent, une crainte diffuse persiste. Les souvenirs douloureux des crises postélectorales de 2010 et 2020 demeurent dans les esprits. Les Abidjanais, bien que désireux de voter, restent sur leurs gardes.

Difficile, pour l’heure, de dire si ce silence inhabituel traduit une forte mobilisation discrète dans les bureaux de vote ou, au contraire, une méfiance généralisée vis-à-vis du processus électoral. Les premières tendances de participation attendues dans les prochaines heures permettront d’en savoir davantage.

En attendant, Abidjan retient son souffle, espérant que cette journée cruciale pour la démocratie ivoirienne se déroulera dans le calme, la transparence et la paix.

Wassimagnon