Goodluck Jonathan (ph)

L’ancien Président nigérian, Goodluck Jonathan, a rompu le silence sur les évènements en cours à Bissau en Guinée-Bissau et a qualifié le coup d’État militaire intervenu de « coup d’État symbolique » avec la précision que les circonstances sont très inhabituelles et contradictoires.

Dans un entretien avec Symfoni et diffusée sur YouTube après son retour au Nigeria le vendredi 28 novembre 2025, l’ancien Président Jonathan a exprimé sa gratitude envers les nigérians et le Président Bola Tinubu pour la sollicitude dont ils ont fait preuve à son égard lorsqu'il était bloqué par la crise à Bissau.

L'ancien président se trouvait en Guinée-Bissau à la tête de la Mission d'observation électorale du Forum des sages de l'Afrique de l'Ouest afin de superviser les élections présidentielles et législatives qui se sont tenues dimanche dernier.

Avant de rompre son silence sur l’actualité en Guinée-Bissau, Jonathan a déclaré que « depuis que j'ai quitté mes fonctions, j'ai toujours eu peur de parler aux médias. Mais dans ce cas précis, j'ai décidé de prendre la parole… avant tout pour remercier les nigérians de leur empathie et de leurs encouragements. »

La controverse

Sur le vif du sujet, Jonathan a déclaré que « C’est le Président Embaló qui a annoncé le coup d’État, avant qu’un militaire ne prenne la parole pour déclarer publiquement qu’ils contrôlent tout. Le Président Embaló a déjà annoncé le coup d’État, ce qui est étrange ».

Suivant de près la curieuse situation, Jonathan a ajouté qu’Embaló continuait de communiquer librement, quand bien même il prétendait être détenu. Sur cette manie, il a déclaré que « Non seulement Embaló a annoncé le coup d'État, mais pendant qu'il se déroulait, il utilisait son téléphone pour s'adresser aux médias du monde entier et annoncer son arrestation ».

Sans se voiler la face, l'ancien Président nigérian a fait sa conclusion de la situation en Guinée-Bissau en soutenant que « Je ne parlerais pas de coup d'État. Ce n'en était pas un coup. Disons, faute de mieux, qu'il s'agit peut-être d'un coup d'État symbolique ».

Réalités d’un coup d’Etat

Parlant de ce qui advient généralement a un Président après son renversement, l’ancien Président nigérian a précisé que « Je suis nigérian, j'ai bientôt 70 ans, et je sais comment on maintient les chefs d'État en place après un coup d'État. J'étais récemment médiateur de la CEDEAO au Mali, et pendant cette période, nous avons connu un coup d'État militaire ».

Il a poursuivi que « Les militaires ne prennent pas le pouvoir, et le Président en exercice qu'ils ont renversé est autorisé à organiser des conférences de presse et à annoncer son arrestation. Qui trompe qui ? ».

Sur ce sombre chapitre, le nigérian, très amer, a fait savoir que « Ce qui s'est passé en Guinée-Bissau est très inquiétant pour moi, qui crois en la démocratie…En réalité, je souffre davantage que le jour où j'ai appelé Buhari pour le féliciter après ma défaite aux élections en tant que Président sortant ».

Evacuation par un avion ivoirien, reconnaissance

Sur les contours de son départ de Bissau, l'ancien Président nigérian a expliqué pourquoi il a été évacué de la Guinée-Bissau à bord d'un avion affrété par la Côte d'Ivoire plutôt que par le gouvernement nigérian, après avoir été pris au piège par ce qu'il a qualifié de « coup d'État symbolique » dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.

Pour le secours dont il a bénéficié afin de pouvoir quitter Bissau, Jonathan a déclaré que « J'exprime ma sincère gratitude aux nigérians et je tiens à ce qu'ils l'entendent de ma bouche. Je souhaite également remercier mon Président, le Président Tinubu, et le Président ivoirien, le Président Ouattara ».

Il a révélé que les deux Présidents devraient envoyer des avions pour le rapatrier, mais la Côte d'Ivoire est plus proche de la Guinée-Bissau et il existe des relations entre les pays francophones et lusophones, ce qui a permis à la Côte d’Ivoire d’agir rapidement. D’après les explications de Jonathan, la Côte d'Ivoire a obtenu l'autorisation de vol avant le Nigeria.

Après avoir avisé les autorités nigérianes de l’initiative prise par Cote d’Ivoire pour l’évacuer, Jonathan a affirmé que « l’avion ivoirien était donc déjà en route pour venir nous chercher, et lorsque nous avons appris que l’avion nigérian était sur le point de partir, nous leur avons demandé de ne pas se donner la peine. C’est pourquoi vous voyez des photos où l’on me voit arriver à bord d’un avion ivoirien ».

Plaidoyer pour les résultats

Plaidant pour le respect de la démocratie et du processus électoral entamé, Jonathan a exhorté la CEDEAO et l'Union africaine (UA) à œuvrer pour la transparence et la publication rapide des résultats des élections en Guinée-Bissau. Il a insisté sur le fait que l'Armée ne devrait pas être autorisée à interférer dans les processus démocratiques.

Concernant les résultats des votes initialement attendus, l’ancien Président nigérian a souligné qu’’« Ils détiennent les résultats car des représentants de l'UA et de la CEDEAO étaient présents dans toutes les régions lors du dépouillement. Ils doivent les annoncer et faire savoir au monde entier qui a remporté cette élection. »

Mensah,

Correspondant permanent de KOACI au Ghana, Togo et Nigeria

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