Alpha Condé et Alassane Ouattara en 2018

Du pouvoir en passant pas l'opposition, en Côte d'Ivoire ou en exil, aucune personnalité ivoirienne de premier plan n'a jusqu'à cette heure commenté le coup d'Etat militaire en Guinée et surtout l'arrestation filmée de son Président Condé rappelant clairement un 11 avril 2011.

On s'attendait à une déclaration de Laurent Gbagbo, en soutient à son grand ami de l'internationale socialiste, Alpha Condé, l'éternel opposant comme lui, qu'il avait prévu aller voir en Guinée, mais rien pour l'heure.

Hier les agences de communication des cadres du pouvoir produisaient des communiqués de remerciements aux joueurs de l'équipe nationale de basket, finaliste malheureuse de l'Afrobasket 2021 au Rwanda, mais aucun mot sur la situation en Guinée.

Certes, certains diront, pour Alassane Ouattara qui n'entretenait pas avec Condé des relations d'amitiés proches, c'est le moins qu'on puisse dire, que, protocolairement, l'UA et la CEDEAO, en condamnant hier et en demandant la libération immédiate d'Alpha Condé, ont parlé pour lui.

Néanmoins, seul Guillaume Soro s'est saisi de l'occasion pour produire un communiqué aux accents d'un je t'aime moi non plus, sorte de parabole en possible direction de ses meilleurs ennemis. « Le pouvoir, c’est rien du tout, les anciens Min, il y en a des millions, les ex PR, ils commencent à devenir nombreux; donc quand tu as un poste, ne prends pas la grosse tête, garde tes amitiés parce qu’on ne sait jamais, un jour tu auras besoins de tes amis, si petit soit-il », a écrit l'exilé ivoirien en France.

Dans l'opinion, sans surprise, les passionnés de la réaction immédiate et des stratégies de manipulations sur internet, se sont empressés de faire ou défaire des parallèles avec la supposée thèse du 3e mandat de Condé et la candidature d'Alassane Ouattara en Octobre 2020.

Du côté des acharnés anti-Ouattara on dissertait sur celle d'un sort comparable à venir pour l'actuel président ivoirien, côté défenseur du pouvoir, on rappelait que les contextes politiques ivoiriens et guinéens n'étaient pas comparables, au-delà des deux hommes à leur tête.

"Affaire de 3e mandat, Ouattara connaitra le même sort", scandaient les uns, "La différence entre ADO et Condé c'est qu'ADO a un électorat de poids qui se déplace pour voter et qui est fidèle jusqu'à la mort.", rétorquaient les autres.

Pour rappel, Alpha Condé, président de la Guinée depuis 2010, réélu en 2015 et avec contestation en 2020, paraissait de plus en plus isolé sur la scène politique locale et internationale. Une position de faiblesse qui aura aidé à la passivité d'une armée nationale qui a clairement laisser-faire les forces spéciales qu'il avait créées et, coup du sort, qui l'ont terminé.

Amy Touré