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En Côte d’Ivoire, l’épidémie du tabagisme est un véritable problème de santé publique. En effet, ce sont environ 6 000 personnes qui meurent chaque année dans notre pays à cause du tabac. 

Le fléau ces 15 dernières années a pris de l’ampleur chez les jeunes et les adolescents. Selon l’enquête mondiale « Global Youth Tobacco Survey » sur le tabagisme, menée auprès des jeunes en milieu scolaire, réalisée en 2009, 14 % des personnes d’âge compris entre 13 et 15 ans étaient des fumeurs. 

De plus, les données issues de l’Enquête de Démographie et de Santé (EDS), indiquent que la prévalence du tabagisme dans différentes tranches d’âge était de 6 % entre les 15 et 19 ans, 24 % entre les 20 et 24 ans et 36 % entre les 25 et 29 ans.

Alors que le gouvernement ces dernières années a entrepris de nombreuses actions vigoureuses pour faire baisser le taux de prévalence du tabagisme, l’industrie du tabac de façon ingénieuse, a trouvé de nouvelles tactiques pour amener notamment les jeunes et les adolescents à s’intéresser à ce fléau, avec la fabrication de nouveaux produits qu’elle présente comme doux à la consommation et moins nocifs. Ces nouveaux produits, ce sont, entre autres, le narguilé appelé chicha, le tabac à chauffer, l’inhalateur électronique, les cigarettes électroniques, des cigarettes ayant des formes de bonbons, des rouges à lèvres, etc.

Ce vendredi 7 juin 2024 à Abidjan, présidant la cérémonie de commémoration de la journée mondiale sans tabac placée sous le thème « La protection des enfants contre l’ingérence de l’industrie du tabac », qui a eu lieu à l’hôtel ivoire à Cocody, le ministre de la Santé, de l’hygiène publique et de la couverture maladie universelle, Pierre Dimba N’Gou, a fustigé cette nouvelle trouvaille de l’industrie du tabac. 

« Pendant que nous nous évertuons à trouver des stratégies pour freiner le phénomène du tabagisme, les industries de leur côté, ne manquent pas non plus de tactiques avec la fabrication de nouveaux produits qui sont présentés comme doux à la consommation, conçus avec plusieurs milliers d’arômes (mangue, pomme, ananas, cerise, fraise…), avec des emballages attrayants. Ils sont présentés comme moins nocifs, et utilisant des tactiques publicitaires, à travers les réseaux sociaux qui attirent la population et en particulier les enfants et les adolescents », a-t-il déploré.

Pierre Dimba N’Gou a également regretté le fait que « outre les produits du tabac, l’industrie agit aussi sous plusieurs formes pour détourner le processus politique et législatif ainsi que la manipulation de l’opinion publique pour obtenir l’apparence de respectabilité ».

« Conscient de la gravité de la situation et du grand danger qu’encourent nos enfants face aux tactiques de l’industrie du tabac, le Gouvernement s’engage à prendre des mesures vigoureuses en vue de lutter efficacement contre l’ingérence de l’industrie et surtout la prolifération des produits du tabac », a déclaré le ministre, manifestement déterminé à agir pour freiner l’ampleur de ces produits et leurs effets sur les enfants et les jeunes.

Il a profité de la tribune pour présenter à l’assistance, les nombreux acquis enregistrés par le gouvernement dans le cadre de cette lutte. « Depuis 2021, les actions de lutte antitabac ont porté sur l’intensification de la promotion de la santé avec des campagnes de sensibilisation à l’endroit des jeunes, le renforcement des capacités en matière de sevrage tabagique, l’élaboration des directives pour la prise en charge des sujets dépendant au tabac », a indiqué le ministre. 

Pierre Dimba N’Gou est aussi revenu sur « le renforcement du cadre législatif et réglementaire avec l’adoption de deux importants décrets dont l’un est relatif au système de traçabilité et de vérification fiscale des produits du tabac et l’autre portant modalités d’application des mises en garde sanitaires, du conditionnement de l’étiquetage et de la commercialisation du tabac et des produits du tabac ». Il a fait savoir également qu’il « vient de signer l’arrêté fixant les modalités d’application des mises en garde sanitaires et du conditionnement neutre du tabac et des produits du tabac. 

Ces différentes actions, selon le ministre, ont permis de faire baisser considérablement la prévalence du tabagisme. « En effet, selon les dernières Enquêtes Démographiques de Santé publiées en 2022, la prévalence du tabagisme a été réduite de plus de la moitié, passant de 6 % en 2012 à 3 % en 2021 chez les 15 à 19 ans ; 23,5 % en 2012 à 13 % en 2021 chez les 20 à 24 ans ; 36 % en 2012 à 12 % en 2021 chez les 25 à 29 ans. Par ailleurs, la récente étude menée en 2023 par le Ministère de la Santé, en collaboration avec le Ministère de l’Éducation Nationale, l’OMS et le CDC Atlanta, auprès des jeunes en milieu scolaire chez les 13 à 15 ans, révèle que la prévalence du tabagisme est passée de 14 % à 5 %. Selon la même enquête, le décret d’interdiction de fumer dans les lieux publics et les transports en commun est respecté. Ainsi, le taux à l’exposition de la fumée secondaire est passé de 74 % à 47 % », a-t-il énuméré.

Des acquis importants que le ministre de la Santé, de l’hygiène publique et de la couverture maladie universelle, ne veut aucunement voir s’effondrer avec la montée en puissance des nouveaux produits du tabac. « Notre pays a fait d’énormes progrès dans la lutte antitabac. Cependant, il ne saurait être question de faire une pause, car notre objectif est de poursuivre nos actions jusqu’à contrôler l’épidémie du tabac. Pour atteindre cet objectif, nous mettrons en place des stratégies et des ruses propices à l’adoption des nouveaux produits par la nouvelle génération », a-t-il annoncé.

Il a terminé en lançant un vibrant appel à la population, particulièrement aux enfants et aux jeunes : « Ne fumez pas ! Et si vous avez commencé à fumer, alors arrêtez de fumer ! Car, à chaque âge correspond un niveau de risque ! Le Gouvernement continue de faire des efforts pour accompagner ceux qui désirent se libérer des chaines du tabac. Les services de santé sont disposés à apporter un appui au sevrage tabagique », a exhorté le ministre. 

Dr André N’Dongo au nom de l’OMS, a félicité le gouvernement pour les résultats probants obtenus dans le cadre de cette lutte. 

Au cours de cette cérémonie, les lauréats du concours « la plume anti-tabac », initié par le réseau des communicateurs pour la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme en milieu scolaire et universitaire (RECLTASU) présidé par Dimitri Agoussi ont été récompensés. Le super prix Pierre Dimba N’Gou de la plume anti-tabac a été remporté par le confrère Faustin Ehouman du quotidien Fraternité Matin. 

Des personnalités publiques impliquées dans cette lutte, comme Didier Bléou grand messager de la lutte, ont également été distinguées. 

Dr Ernest Zotoua, le directeur coordonnateur du Programme national de lutte contre le tabagisme, l’alcoolisme, la toxicomanie et les autres addictions (PNLTA), cheville ouvrière de cette cérémonie a été félicité par le ministre Dimba pour le travail important qu’il abat à la tête de ce programme.

Wassimagnon