Emmanuel Ekouli, Dp « La Voix du Centre » et correspondant de RSF (Ph)

Dans la soirée du 20 août 2024, Emmanuel Ekouli, directeur de publication de « La Voix du Centre » et correspondant de Reporters sans frontières (RSF), a été victime d'une violente agression dans les rues de Yaoundé, la capitale camerounaise. Cet incident alarmant soulève de sérieuses inquiétudes quant à la sécurité des journalistes et à la liberté de presse dans le pays.

Le visage amoché et sanguinolent du journaliste circule sur les réseaux sociaux camerounais depuis plusieurs jours.

Le journaliste joint par Koaci ce vendredi matin, a expliqué qu’il rentrait chez lui à moto vers 19h lorsqu'il a été attaqué par trois individus armés au lieu-dit Abattoir Etoudi. Les assaillants l'ont renversé, traîné sur plusieurs mètres, puis roué de coups malgré ses appels à l'aide et la présence de témoins. Ce n'est que l'intervention de passants qui a mis fin à cette agression brutale.

Grièvement blessé, Ekouli a dû être transféré dans un hôpital spécialisé où il a reçu 13 points de suture à la tête et subi divers examens, dont un scanner cérébral. Bien que son état soit désormais considéré comme stable, cet incident marque une escalade préoccupante dans les menaces auxquelles font face les journalistes camerounais.

Cette agression n'est pas un cas isolé. Le 9 juillet dernier, Ekouli avait déjà été ciblé par trois hommes à moto qui l'avaient frappé et dépouillé de ses effets personnels, y compris ses documents d'identité et professionnels au niveau de l’hôtel du plateau.

Ces attaques répétées interviennent dans un contexte particulièrement tendu, alors qu'Ekouli s'est imposé comme une source d'information majeure dans l'affaire Martinez Zogo, le journaliste radio assassiné en janvier 2023. Son implication dans cette affaire sensible lui a valu des intimidations et des menaces, révélant les risques encourus par les journalistes qui osent enquêter sur des sujets controversés au Cameroun.

L'agression d'Emmanuel Ekouli soulève de graves questions sur la protection des journalistes et la liberté d'expression dans le pays. Elle met en évidence la nécessité urgente de mesures concrètes pour garantir la sécurité des professionnels des médias et préserver l'intégrité du journalisme d'investigation au Cameroun.

Alors que la communauté internationale observe avec inquiétude cette situation, il est urgent que les autorités camerounaises prennent des mesures immédiates pour enquêter sur cette agression, en traduire les responsables en justice, et mettre en place des mécanismes efficaces pour protéger les journalistes dans l'exercice de leur profession.

Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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