Cameroun : Tensions politiques à l'Extrême-Nord lors de la visite du Sgpr Ngoh Ngoh, émissaire du président Biya
En visite dans l’Extrême-Nord, une région stratégique pour le président Paul Biya, Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence, a été retenu par des habitants et élus locaux. Ces derniers, excédés par le manque d’écoute du gouvernement, ont exigé que leurs doléances soient enfin entendues. Une situation qui révèle les tensions croissantes dans cette région, à moins de deux ans de l’élection présidentielle d’octobre 2025.
Visite mouvementée, promesses non tenues
Ferdinand Ngoh Ngoh, émissaire du président Paul Biya, s’est rendu dans l’Extrême-Nord du Cameroun le samedi 15 février 2025. Cette région, qui fait partie du Grand-nord représentant près de 30 % de l’électorat et a toujours soutenu Biya, est confrontée à de multiples défis : insécurité liée à Boko Haram, inondations dévastatrices et insécurité alimentaire. La visite, initialement prévue pour quelques heures, a pris une tournure inattendue.
Accompagné des ministres Paul Atanga Nji (Administration territoriale) et Mounouna Foutsou (Jeunesse), Ngoh Ngoh a visité des sites clés, notamment le parc national de Ma Mbed Mbed et la SEMRY, symboles de la lutte contre l’insécurité alimentaire. Cependant, à Kousseri, chef-lieu du Logone et Chari, la tension a explosé. Alors qu’il s’apprêtait à repartir vers Yaoundé, des habitants et élus locaux ont bloqué son hélicoptère, exigeant d’être entendus.
Sur les réseaux sociaux, des vidéos montrent des maires et militants du RDPC (parti au pouvoir) exprimer leur mécontentement. Ils reprochent à Ngoh Ngoh son attitude « méprisante » et son refus de recevoir leurs doléances. Le bâtiment de la préfecture a été encerclé, et l’hélicoptère immobilisé. Après de longues heures de négociations, Ngoh Ngoh a finalement cédé, recevant les élus jusqu’au cœur de la nuit.
Contraint de passer la nuit sur place, Ngoh Ngoh a dû improviser des audiences avec les députés, maires et conseillers locaux. Les discussions ont porté sur les inondations, la menace terroriste et le manque de soutien de l’État. En quittant Kousseri le lendemain, il a promis un appui financier « très bientôt ». Cependant, cette promesse tardive semble insuffisante pour apaiser la colère des populations.
Cette visite mouvementée révèle les tensions croissantes dans l’Extrême-Nord, une région pourtant fidèle à Paul Biya. Les populations, lassées par des années de négligence, ont envoyé un message clair au pouvoir central. À moins de dix mois de la présidentielle, cette crise pourrait fragiliser le régime, surtout si les promesses ne sont pas tenues rapidement.
La visite de Ferdinand Ngoh Ngoh dans l’Extrême-Nord a mis en exergue, les frustrations d’une région abandonnée. Alors que les défis sécuritaires et climatiques s’accumulent, les populations exigent des actions concrètes. Pour le régime Biya, il est temps d’agir avant que la colère ne se transforme en désaffection électorale.
Une région dévastée
En plus de l’insécurité alimentaire 734 000 habitants d’habitants de cette partie du pays font face à une insécurité alimentaire, selon un récent rapport d’Ocha. Ils font également face au manque d’eau potable et baignent dans une misère totale. C’est la partie la moins scolarisée du pays qui fait face à la montée des exactions de Boko Haram. Toujours selon ce rapport, en décembre dernier, de fortes inondations ont affecté plus de 459 000 personnes, détruit des dizaines de milliers d’habitations, d’hectares de cultures et du bétail et la destruction de milliers d’hectares.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-ou cameroun@koaci.com
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