

Côte d'Ivoire : Insuffisance rénale, entre 9 000 et 12 000 nouveaux cas enregistrés chaque année, le CNPTIR annonce des séances de dépistage gratuites
Hubert Kouamé Yao et Emmanuel Ablé mercredi à Abidjan
La Côte d'Ivoire se prépare à célébrer la Journée Mondiale du Rein, observée annuellement chaque deuxième jeudi du mois de mars. Pour cette année, le Ministère de la Santé, de l’Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle (MSHPCMU) a décidé de passer à une autre étape de sa politique de lutte contre l'insuffisance rénale. Un défi qu'il entend relever à travers le Centre National de Prévention et de Traitement de l’Insuffisance Rénale (CNPTIR).
Cette structure organise, en effet, des séances de dépistage de l'insuffisance rénale sur l'ensemble du territoire national dès ce mois de Mars, mois dédié à la lutte contre cette maladie pernicieuse. En prélude à cet événement, le professeur Hubert Kouamé Yao, président de la Société de Néphrologie, et le docteur Emmanuel Ablé, directeur adjoint de la prévention au Centre National de Prévention et de Traitement de l'Insuffisance Rénale (CNPTIR), ont, ce mercredi 26 février 2025, lors d'une conférence de presse animée conjointement, alerté sur la gravité croissante de l'insuffisance rénale dans le pays et la nécessité d’une mobilisation urgente pour freiner cette maladie silencieuse, mais meurtrière.
Avec 2,4 millions de décès annuels dans le monde, l'insuffisance rénale est aujourd'hui la 6ᵉ cause de croissance de la mortalité globale. En Côte d'Ivoire, la situation est particulièrement préoccupante : la prévalence hospitalière de l'insuffisance rénale varie entre 39 % et 52 %, avec un taux de mortalité de 39 % dans le seul service de néphrologie du CHU de Yopougon. Chaque année, le pays enregistre entre 9 000 et 12 000 nouveaux cas de maladies rénales chroniques, dont environ 1 % nécessitent une dialyse immédiate. Le pays enregistre à ce jour 92 donneurs de reins, tous en parfaite santé.
« Aujourd'hui, environ 2 500 patients sont en hémodialyse à travers tout le pays, mais le manque d'infrastructures et le coût élevé des traitements empêchent de nombreux malades d'accéder aux soins nécessaires. Le seul moyen de sortir de la dialyse est la transplantation », a expliqué le Pr Hubert Kouamé Yao. Actuellement, le réseau public dispose de seulement 254 générateurs de dialyse répartis sur 19 antennes, couvrant à peine 1.500 patients. Pourtant, avec des ressources suffisantes, 2 500 patients pourraient être pris en charge.
Le coût des kits de dialyse reste exorbitant, freinant l'accès aux soins. Chaque année, 500 nouveaux patients s'inscrivent pour obtenir une place en dialyse dans le réseau public, mais moins de 20 % y parviennent en raison du manque d'équipements. Faute de moyens, beaucoup sont contraints de se tourner vers le secteur privé, tandis que d'autres, n'ayant pas les ressources nécessaires, succombent à la maladie. Le taux de mortalité dans les antennes de dialyse atteint 20 %, et la mortalité hospitalière des patients souffrant d'insuffisance rénale varie entre 25 % et 40 %, souvent en raison d'une prise en charge tardive et du manque de places disponibles.
Face à cette situation alarmante, souligne docteur Emmanuel Ablé, directeur adjoint du Centre National de Prévention et de Traitement de l'Insuffisance Rénale (CNPTIR), structure créée en 2012, et dirigée par le professeur Ackoundoun N'Guessan Kan Clément, pionnier de la transplantation rénale en Afrique subsaharienne francophone, se positionne comme un acteur clé dans la lutte contre les maladies rénales avec pour missions essentielles : la prévention, la prise en charge globale des patients atteints d'insuffisance rénale, le dépistage précoce chez les populations à risque, développer les techniques de dialyse et de transplantation rénale, avec un objectif de 30 à 50 transplantations par an.
Et dans le cadre de la célébration de « Mars vert », mois dédié à la santé rénale, les professionnels de santé appellent à une mobilisation générale de la population à l'effet de l'informer sur l'importance de la prévention. Le Dr Emmanuel Ablé rappelle que des comportements sains — alimentation équilibrée, exercice physique, contrôle de la pression artérielle et du diabète — peuvent contribuer à protéger les reins et prévenir l'apparition de maladies rénales chroniques.
Les spécialistes insistent surtout sur la nécessité d'un dépistage précoce chez les personnes diabétiques, hypertendues ou ayant des antécédents familiaux. « Il est impératif de consulter dès les premiers signes pour éviter des complications souvent fatales », prévient le sous-directeur du CNPTIR.
Pour endiguer cette crise sanitaire, les experts plaident pour un renforcement des infrastructures et des ressources humaines. La mise à disposition de 100 nouveaux générateurs par an, estimée à 5 milliards de francs CFA, apparaît comme une priorité pour accroître la capacité d'accueil des patients en dialyse.
Le CNPTIR poursuit également ses efforts pour développer la formation des spécialistes en néphrologie et les techniques d'épuration extra-rénale, tout en poursuivant des projets de recherche sur les maladies rénales.
À l'approche de la Journée Mondiale du Rein, prévue le 13 mars 2025, les acteurs de la santé rénale appellent à une prise de conscience collective. « La santé de nos reins est essentielle à notre bien-être. Protégeons-les, sensibilisons et agissons ensemble pour réduire l'impact de l'insuffisance rénale en Côte d'Ivoire », a conclu Dr Emmanuel Ablé.
Wassimagnon

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