

Côte d'Ivoire: Crise foncière à Bingerville, les Chefs d'Akouai-Agban et de Bregbo appellent à l'unité pour un règlement apaisé
La question des terres rurales continue de secouer les régions de Côte d’Ivoire, attisant des tensions communautaires de plus en plus préoccupantes. Dans la sous-préfecture de Bingerville, un nouveau conflit fait sensation. Il s'agit de l'attribution d'une vaste étendue de terres communautaires, évaluée à près de vingt millions de mètres carrés, à une entreprise. Une décision qui suscite la colère et l'incompréhension dans plusieurs localités concernées.
Dans une déclaration conjointe, les leaders communautaires des villages d’Elokaté, Elokato et M’Batto Bouaké ont exprimé leur opposition ferme à cette mesure, dénonçant ce qu'ils considèrent comme une confiscation de leurs terres ancestrales. Cependant, cet appel public n'a pas laissé indifférents les leaders des villages d’Akouai-Agban et de Bregbo, également concernés par cette histoire.
Les deux autorités coutumières ont, dans un entretien avec la presse, manifesté leur solidarité envers leurs collègues tout en exprimant leur étonnement d'être exclus du processus. Pour l'Honorable Adobi Aké Placide Guy-Marie, leader du village d’Akouai-Agban, il est inimaginable qu'une telle question soit traitée sans la participation active de toutes les communautés concernées. Selon lui, Akouai-Agban, en tant que village ancestral et symbole historique de la région, aurait dû jouer un rôle central dans les discussions.
Il souligne d’ailleurs que des documents datant de l’époque de l’Afrique Occidentale Française (AOF) confirment la position stratégique de son village au sein de la fratrie Kwe, en lien historique avec le royaume d’Ebrah.
Un avis similaire est exprimé du côté de Bregbo, où l’Honorable Atcho Amany Félix a rappelé l’importance historique de son village dans la fondation de Palmindustrie. Le patriarche feu Atcho Albert, ancien leader du village et allié du Président Félix Houphouët-Boigny, avait été sollicité à l’époque pour rassembler les leaders Atchan autour du projet de développement initié par l'État. Exclure aujourd'hui Bregbo de cette affaire reviendrait, selon lui, à nier l’histoire et les sacrifices concédés pour l'intérêt national.
Au-delà des inquiétudes exprimées, les deux leaders encouragent le dialogue et la coopération. Pour eux, seule l’unité des cinq villages permettra de faire face efficacement à ce différend foncier. Ils plaident pour une approche globale, où toutes les parties concernées, y compris le ministère impliqué, pourront trouver une solution harmonieuse et durable. Loin d'un affrontement, il s'agit, insistent-ils, de préserver la paix sociale et d’éviter que cette affaire n’alimente de nouvelles discordes.
Dans une Côte d’Ivoire encore marquée par les conséquences de nombreuses crises foncières, l’appel des chefs d’Akouai-Agban et de Bregbo résonne comme un appel à la sagesse. Il invite à dépasser les intérêts individuels et à privilégier le bien commun, pour que justice soit rendue en respectant l'histoire et les équilibres communautaires.
Jean Chresus, Abidjan

Infos à la une




Communiqués
Côte d'Ivoire

Côte d'Ivoire

Côte d'Ivoire
