René Emmanuel Sadi

Dans l'écrin feutré d'une salle bondée de personnalités éminentes d’un hôtel de Yaoundé, dont le Ministre des finances Louis Paul Motaze et le Ministre de la communication René Emmanuel Sadi, s'est dévoilé ce jeudi un ouvrage qui pourrait bien redessiner les contours du narratif développementaliste africain. « L'Afrique dans la peau : Pour une pédagogie du développement » — tel est le titre évocateur choisi par Janvier K. LITSE, ancien vice-président de la Banque Africaine de Développement (BAD), pour livrer le fruit de trois décennies d'expérience au service du financement du développement continental.

Fils du terroir aux commandes de la finance mondiale

Qui aurait pu prédire que ce jeune Vuté, né dans l'arrondissement de Yoko au cœur du département du Mbam-et-Kim, gravirait tous les échelons des institutions financières internationales pour finalement siéger parmi les décideurs de la Banque Mondiale, puis de la BAD ? La trajectoire de LITSE, aujourd'hui chef traditionnel de son village natal Mbaa'am, témoigne d'une ascension fulgurante, fruit d'un parcours académique d'excellence mené du Cameroun aux plus prestigieuses universités françaises, américaines et britanniques.

« Janvier K. LITSE est parti de notre sol et, à force de travail, il a tutoyé les cimes de la finance mondiale", s'est enthousiasmé Serge Pouth lors de sa note de lecture. « C'est pour cela qu'il a pris rang parmi les plus grands banquiers du monde. »

Œuvre imprégnée d'authenticité et de pragmatisme

L'ouvrage, préfacé par le Dr. Thomas Boni Yayi, président honoraire de la Banque ouest africaine de développement (BOAD) et ancien président du Bénin, ne se contente pas de retracer un parcours individuel. À travers une série d'entretiens orchestrés par Roch Sosthène Nepo, l'auteur déploie une vision lucide et ambitieuse du développement africain. Sa thèse centrale résonne comme un manifeste : la construction d'une « Afrique radieuse et gagnante » n'est pas une chimère, mais un horizon atteignable à condition d'ancrer les politiques de développement dans les réalités du terrain.

Ce qui séduit d'emblée dans cette œuvre de 223 pages, c'est son architecture novatrice. Les cinq grandes parties qui la composent s'achèvent chacune par une tribune réservée aux témoignages de personnalités ayant croisé le chemin professionnel de l'auteur, et par une fiche de synthèse à vocation pédagogique — un dispositif qui confère à l'ensemble une indéniable crédibilité et une utilité pratique.

Vision endogène du développement africain

« Sa conception du développement fait chorus avec celle de Joseph Ki-Zerbo qui mit en garde les fils d'Afrique sur la nécessité de ne pas se coucher sur la natte des autres », a souligné Serge Pouth. Cette référence à l'historien burkinabé n'est pas fortuite : elle inscrit l'œuvre de LITSE dans une lignée de penseurs africains prônant l'autodétermination intellectuelle et économique du continent.

De fait, l'auteur lance un appel vibrant à « déconstruire l'héritage colonial » et affirme qu' « une autre Afrique est possible », notamment à travers « l'éclosion des PME ». Son plaidoyer pour l'intégrité et la bonne gouvernance résonne comme un impératif catégorique adressé aux dirigeants africains.

Héritage

Lors de la cérémonie, ponctuée d'intermèdes de danses traditionnelles Vuté, l'auteur n'a pas caché sa motivation profonde : « Ma passion est retenue dans ce livre pour motiver la jeunesse » Cette dimension inspirationnelle fait de l'ouvrage bien plus qu'un simple témoignage — c'est un véritable legs aux générations futures.

« Ce livre est une mine d'informations pour les chercheurs et pour les étudiants », a d'ailleurs affirmé Serge Pouth, confirmant la vocation pédagogique revendiquée dès le sous-titre.

Modus operandi érigé en modèle

« Que son modus operandi fasse école », peut-on lire dans la présentation du livre. Cette aspiration résume l'ambition de LITSE : transformer son expérience personnelle en méthodologie reproductible, en « pédagogie du développement ».

Ce qui frappe chez l'homme, c'est ce mélange détonnant d' »attachement viscéral quasi morbide à tout ce qui touche à l'Afrique » et de « culte de l'excellence et de l'efficacité sur fond de pragmatisme et de discrétion » — une alchimie rare qui fait de lui un apôtre crédible du développement africain.

L'ouvrage sera prochainement disponible à la FNAC, sur Amazon et sur diverses plateformes dédiées à la promotion du livre africain. À en croire l'illustre préfacier, il mérite d'être « vivement recommandé à tout Africain préoccupé par le devenir de notre beau et riche continent ».

Dans un paysage éditorial saturé de prescriptions extérieures pour le développement africain, « L'Afrique dans la peau » se distingue par son authenticité et son enracinement dans l'expérience vécue. Janvier K. LITSE nous offre non pas une énième théorie abstraite, mais un témoignage incarné, un « carnet de voyage rendant compte des faits marquants de l'itinéraire d'un serviteur dévoué » — un récit dont la force tient précisément à ce qu'il émane des entrailles mêmes du continent qu'il ambitionne de transformer.

-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.

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