L'Académie Internationale de Lutte Contre le Terrorisme (AILCT), à travers son Institut de Recherche Stratégique (IRS), a organisé un atelier le 22 mai 2025 à Abidjan pour restituer trois études majeures sur le terrorisme, réalisées par des chercheurs spécialisés entre 2024 et 2025.

Cet événement a rassemblé le Directeur général de l'AILCT, le Général Joseph Allah Kouamé, des partenaires au développement, des autorités militaires, des députés et des étudiants.

Parmi ces études, deux ont été financées par l’Ambassade d’Australie et une par l’Ambassade de la Confédération Suisse en Côte d’Ivoire. Les thèmes abordés incluent : "Les risques et facteurs de radicalisation carcérale en Afrique de l’Ouest : Côte d’Ivoire, Burkina Faso et Niger", "L’extrémisme violent, flux migratoires, trafics et la problématique d’insertion des réfugiés dans le tissu économique et social au nord de la Côte d’Ivoire", et "L’évolution et l’ancrage du jihadisme féminin dans le septentrion des États côtiers : Bénin, Togo et Côte d’Ivoire".

Le Dr Lassina Diarra, directeur de l'IRS de l'AILCT et auteur de la première étude sur la radicalisation en milieu carcéral, a souligné l'importance de comprendre les dynamiques qui se jouent dans les prisons.

Il a révélé que certaines prisons sont perçues comme des "univers de radicalisation". Pour contrer ce phénomène, il a recommandé la mise en place d'un renseignement pénitentiaire formel en Côte d'Ivoire, capable d'interagir avec d'autres services de l'État pour mieux cerner la question du terrorisme.

"Nous ne voulons pas que ces individus, qui ont été éloignés de la société en raison de leurs comportements, reviennent avec les mêmes appétits de violence", a-t-il déclaré.

Le Professeur Anicet Zran, Maître de Conférences en Histoire à l’Université Alassane Ouattara de Bouaké, a mené une étude sur l’extrémisme violent et l’insertion des réfugiés dans le tissu social au nord de la Côte d’Ivoire. Il a analysé la menace terroriste dans cette région, mettant en lumière les dynamiques sociales qui exacerbent les tensions, telles que la compétition pour les ressources naturelles et le sentiment d'appartenance ethnique.

La troisième étude, réalisée par Abdel Nasser Ould Ethmane Elyessa, ancien conseiller en sécurité au Bureau des Nations Unies pour l'Afrique, a exploré l'ancrage du jihadisme féminin dans le nord du Bénin, du Togo et de la Côte d'Ivoire. Il a exposé les raisons profondes qui poussent certaines femmes de ces régions à s'engager dans des activités terroristes.

Dans son intervention, le Général Joseph Allah Kouamé a salué la qualité des travaux présentés et a rappelé que l'AILCT, basée à Jacqueville, a pour mission de cerner la menace terroriste sous toutes ses formes.

"Nous avons trois piliers principaux : la formation des cadres, l'engagement opérationnel et la réflexion stratégique", a-t-il précisé.

Il a également souligné l'importance de l'atelier de restitution, qui vise à produire des connaissances pour mieux comprendre le phénomène terroriste et éclairer les décisions politiques.

"Les thématiques abordées par nos chercheurs n'ont jamais été au centre de la recherche académique", a-t-il affirmé.

Le Général Kouamé a insisté sur la nécessité d'un renseignement pénitentiaire pour prévenir la radicalisation en milieu carcéral, un enjeu crucial à l'heure où les prisons peuvent devenir des foyers de radicalisation. Il a exprimé sa gratitude envers les Ambassades d’Australie et de Suisse pour leur soutien financier, ainsi qu'envers l'Union Européenne, qui a récemment accordé 600 000 euros (près de 400 millions de FCFA) pour financer les activités de l'AILCT.

Enfin, il a annoncé la tenue, à Abidjan, du premier Salon Africain des Solutions au Terrorisme, prévu pour la fin juin 2025, en présence du Ministre d’État, Ministre de la Défense, Téné Birahima Ouattara. Cet événement promet d'être une plateforme importante pour discuter des solutions face à la menace terroriste en Afrique.

Wassimagnon