Cameroun : Présidentielle 2025, candidature incertaine de Kamto avec le Mrc, tractations secrètes avec l'UMS révélées
Selon les informations rapportées par le journal Innovations du 26 mai 2025, Maurice Kamto, président national du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (Mrc), pourrait bénéficier du soutien de l'Union des Mouvements Socialistes (UMS) dirigée par Pierre Kwemo pour porter sa candidature.
Cette éventuelle investiture, qui devrait être officialisée lors du prochain congrès de l'UMS, suscite déjà de vives réactions dans le paysage politique national. La perspective de voir le leader du MRC changer d'affiliation politique interroge sur la cohérence des stratégies opposition et révèle les fractures profondes qui traversent sa formation politique.
Stratégie jugée risquée
Les analystes politiques se montrent particulièrement critiques envers cette manœuvre. Pour certains experts, cette démarche constitue « une stratégie risquée, voire suicidaire » pour l'ancien professeur de droit. Le paradoxe apparaît flagrant : celui qui revendiquait hier la légitimité du Mrc grâce à ses élus semble aujourd'hui prêt à abandonner sa propre formation pour tenter un rebond politique ailleurs.
Cette potentielle alliance soulève des interrogations sur l'avenir du MRC. Un départ de Maurice Kamto vers l'UMS nécessiterait son adhésion officielle à cette formation, signant ainsi la fin de son leadership sur le parti qu'il a contribué à bâtir. Les observateurs redoutent une fragmentation du MRC en plusieurs entités, affaiblissant davantage l'opposition camerounaise.
Du côté de l'UMS, cette alliance présente également des risques politiques considérables. Pierre Kwemo pourrait voir son bastion du Haut-Nkam, unique fief de l'UMS, infiltré par les structures du MRC. L'histoire politique récente rappelle que les alliances avec Maurice Kamto ont souvent débouché sur des ruptures, comme l'illustrent les cas de feu Christian Penda Ekoka ou de Paul Éric Kingué.
Accusations fracassantes d’Abel Elimbi Lobe
Dans ce contexte déjà tendu, Abel Elimbi Lobe, leader du mouvement Kawtal, a lancé une charge particulièrement virulente contre Maurice Kamto et son organisation. Partageant une vidéo de Me Michèle Ndoki sur les réseaux sociaux, il n'hésite pas à qualifier le MRC d' »organisation tribaliste qui prône la violence » et qui « copine avec les criminels sécessionnistes anglophones ».
Les accusations d'Abel Elimbi Lobe touchent au cœur du système politique camerounais en évoquant la question sensible du tribalisme. Il interpelle directement la communauté bamiléké, accusant ses membres de suivre Maurice Kamto par « pur tribalisme » et les met en garde contre un « suicide politique ». Sa rhétorique va jusqu'à questionner : « Si c'était un chef de parti Béti ou Nordiste ou Sawa qui produisait de tels comportements politiques, est-ce que les Bamiléké qui suivent Kamto l'auraient suivi ? »
Abel Elimbi Lobe ne s'arrête pas aux attaques personnelles et révèle des éléments troublants sur l'entourage de Maurice Kamto. Il évoque notamment Albert Dzongang, qu'il présente comme un « dangereux fraudeur ayant organisé la fraude en 1992 pour barrer la route de l'alternance à Ni John Fru Ndi ». Ces révélations, si elles s'avéraient exactes, jetteraient un doute sur les coulisses de la politique camerounaise des décennies passées.
Le leader du Kawtal dénonce également ce qu'il présente comme des incohérences stratégiques du MRC, notamment le boycott des élections législatives et municipales de 2020, présenté à l'époque comme une stratégie électorale pour obtenir des élus au parlement et dans les conseils municipaux.
Appel à la lucidité
Face à ce qu'il considère comme du « fanatisme obscurantiste forcené », Abel Elimbi Lobe appelle les sympathisants de Maurice Kamto à plus de lucidité politique. « On ne fabrique pas un leader politique par le fanatisme obscurantiste forcené », martèle-t-il, invitant à une réflexion critique sur les figures politiques et leurs véritables compétences de gouvernance.
Entre manœuvres d'alliance, accusations croisées et repositionnements stratégiques, le paysage politique se recompose dans un climat de défiance mutuelle.
L'évolution de ces alliances et de ces tensions dans les prochaines semaines sera déterminante pour comprendre les véritables enjeux de la présidentielle d'octobre 2025.
Le peuple camerounais, témoin de ces joutes politiques, attend des réponses concrètes aux défis socio-économiques du pays, au-delà des querelles de positionnement et des accusations personnelles qui marquent cette période pré-électorale.
-Armand Ougock, correspondant permanent de Koaci au Cameroun.
-Joindre la rédaction camerounaise de Koaci au 237 691154277-ou cameroun@koaci.com
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